Un projet de recherche quasi-anthropologique sur la vie et les archives de
Jeff Perkins, artiste new-yorkais au parcours atypique, qui développe des interrogations sur l'utilisation d'archives artistiques par un autre artiste, et sur les possibilités de réintégrer une œuvre « marginale » dans le champ institutionnel de l'art contemporain.
Au cours des dernières années, Johanna Viprey a travaillé sur les archives du peintre et réalisateur américain Jeff Perkins, satellite de
Fluxus, artiste autodidacte et « outsider professionnel » en marge de la scène artistique. Ayant travaillé comme chauffeur de taxi à New York pendant plus de vingt ans, Perkins a enregistré ses conversations avec des passagers, avec leur accord, de 1990 à 2000.
Dans son livre
The Artist As A Cabdriver (« l'artiste en chauffeur de taxi »), Johanna Viprey relate la rencontre qui l'a poussée à enquêter sur l'histoire personnelle de Perkins d'un point de vue anthropologique.
« Comment et pourquoi un artiste donnerait-t-il à voir le travail d'un autre artiste ? Plus que de dévoiler son œuvre encore peu connue, j'ai souhaité rendre compte d'une expérience, celle de ma rencontre avec Jeffrey Perkins. Il s'agissait pour moi de faire apparaître un type de connaissance particulier à travers l'expérimentation de cette méthode de la rencontre. Je me suis d'abord intéressée aux conditions du travail de Jeff Perkins et aux raisons qui relient celles-ci au mien, comme l'utilisation de matières / méthodes ethnographiques dans le champ de l'art (figure de l'« artiste-ethnographe »), et le détournement d'une activité alimentaire (figure du « salarié-artiste »). Dans cette zone interdisciplinaire, j'ai vu alors vu naître une troisième figure, transversale, celle de l' « artiste-curator ». Pour exposer les différents points d'intérêt et de réflexion issus de cette rencontre, j'ai d'abord réalisé un premier travail d'écriture (Master Thesis), articulé en 4 points : Expérience et trans-mission / Jeff, ethnographe outsider ? / Jeff écrit SON histoire / Réappropriation. Ce projet en est une présentation non exhaustive, accompagnée des effets à plus long terme de cette réflexion sur ma pratique, et des formes de restitution qu'elle m'amène à penser aujourd'hui. »
Johanna Viprey
Johanna Viprey (née en 1979 à Besançon, vit à Genève) a réalisé un Master en Arts Visuels à la
HEAD – Genève. Elle poursuit une recherche sur les modes de restitution de l'expérience et les questions de subjectivité liées à la traduction et à la médiation de celle-ci, et ce, à travers des formes et des références interdisciplinaires.