Nouvelle monographie : les travaux les plus récents de François Morellet en regard d'une série de pièces historiques, inspirées par l'art aborigène, réalisées en 1949.
Facétieux en diable, le titre de cette publication, « François Morellet, c'est n'importe quoi ? », nous interroge et nous alerte sur la touche d'espièglerie dont l'artiste anime des œuvres au vocabulaire minimaliste désormais bien connu : monochromes blancs, lignes noires, néons, le tout placé sous les auspices des mathématiques.
Ce monde bien ordonné est en effet soumis à un tremblement général, à une forme de séisme salvateur. Dans les séries « Triptyque » (2014) et « Carrément bricolé » (2013), les divers éléments de l'œuvre donnent ainsi la sensation de se désolidariser sous l'effet des vibrations. Même chose dans la « Débâcle » (2013), où une grande ligne noire sectionne le tableau comme un zip newmanien et évoquerait presque les arêtes tranchantes de la « Mer de Glace » de Caspar David Friedrich. Les cercles concentriques des « Cruibes » (2013-14) pourraient quand à eux matérialiser cette onde de choc qui se propage avec une passerelle de bois spécialement conçue par l'artiste japonais
Tadashi Kawamata. Cette estacade permet de s'aventurer au-dessus d'un océan de néons, dont les clignotements génèrent une houle lumineuse.
L'espace en vient à tanguer, avec cette œuvre qui, conçue à l'origine en 2001 pour le Musée de la Lumière à Unna (Allemagne), constitue un vibrant hommage à la série de tableaux de Piet Mondrian intitulée « Pier and Ocean » (1915).
Enfin, un exceptionnel ensemble d'œuvres de 1949 inspirées par les arts premiers, et plus spécifiquement par les œuvres aborigènes, initialement exposées en 1950 dans la galerie Raymond Creuze à Paris, permet de mesurer le chemin parcouru, en apportant un éclairage sur la genèse, mais aussi sur l'éternelle et vibrionnante jeunesse, de l'œuvre de François Morellet.
Publié à l'occasion de l'exposition éponyme à la galerie Kamel Mennour, Paris, de mars à mai 2014.