Le second numéro des
Cahiers Maurice Blanchot s'ouvre sur un long hommage à Monique Antelme, rendu par ses amis. Celle qui fut la présidente de l'association qui créa ces
Cahiers fut surtout la seule amie intellectuelle qui côtoya Maurice Blanchot jusqu'à sa mort, la seule à assurer le lien depuis que Blanchot s'était retiré en banlieue parisienne dans les années 1970. Sont rassemblés dans ces
Cahiers des témoignages de Danielle Cohen-Levinas,
Jean-Luc Nancy, Maurice Nadeau, ou encore de Michel Deguy et de Daniel Dobbels, dix-huit au total. On trouve aussi dans ce numéro un dossier sur « Blanchot et les questions juives », des études et des notes de lecture.
Au sommaire : hommage à Monique Antelme (Danielle Cohen-Levinas,
Jean-Luc Nancy, Maurice Nadeau ; témoignages de Gisèle Berkman, Christophe Bident, Didier Cahen, Martin Crowley, Michel Deguy, Daniel Dobbels, François Dominique, Michael Holland, Robert Kelly, Roland Klapka,
Serge Margel, Frédéric Mora, Parham Shahrjerdi,
Michel Surya, Pierre-Antoine Villemaine ; entretien avec Laure Adler) ; Blanchot et les questions juives (Danielle Cohen-Levinas avec
Jean-Luc Nancy, Edmond Jabès, David Banon, Michael Holland, Ginette Michaud,
Jacques Derrida et Maurice Blanchot) ; études (Christophe Bident sur Blanchot et Leiris,
Pascal Gibourg,
Francesco Vitale sur
Derrida) ; notes de lecture (Christopher Fynsk sur Leslie Hill, Hannes Opelz sur
Philippe Lacoue-Labarthe).
Fondés par Monique Antelme, Danielle Cohen-Levinas et Michael Holland (comité scientifique :
Geoffrey Bennington, Michel Deguy, Marguerite Derrida, Kevin Hart et
Jean-Luc Nancy), les
Cahiers Maurice Blanchot sont nés d'un unique et pressant souci : celui d'encourager et
d'enrichir la lecture de ce grand écrivain du XXe siècle, mort en 2003, et qui, pour des
raisons où se nouent quelques-uns des conflits et contradictions de ce siècle tout en fractures, demeure souvent mésestimé et d'un accès réputé difficile.
C'est que, à toutes les époques où elle s'est donnée à lire, on peut dire que l'écriture de Maurice Blanchot dérange, au point de s'attirer de la part de contemporains chez qui la bonne foi n'est pas toujours en évidence, une réputation d'illisibilité ou d'inactualité.
Qui plus est, résolument solitaire, en retrait par rapport à l'événement et refusant d'entrer dans le petit jeu de la notoriété, Blanchot semble avoir tout fait pendant sa vie pour qu'une œuvre déjà réfractaire aux catégories reçues, perde son profil avec le temps qui passe, tendant elle-même de plus en plus à passer inaperçue.
Sans chercher à ignorer ce qui dans cette œuvre la voue à la discrétion, mais nullement
enclins à l'encenser purement pour ce qu'elle fut, les
Cahiers Maurice Blanchot partent du principe que, par le dévouement à toute épreuve à la littérature qui l'informe, cette œuvre s'est introduite par effraction au cœur du temps qui passe comme cela même qui refuse de passer : une interrogation persistante dont la singulière actualité ne cesse d'interpeller notre époque dans chacun des domaines qui la définissent : politique, philosophie, éthique, culture.
Voir aussi
Paul-Emmanuel Odin : L'absence de livre – Gary Hill et Maurice Blanchot ;
Céline Guillot : Inventer un peuple qui manque : que peut la littérature pour la communauté ? – Blanchot, Bataille, Char, Michaux, Nancy, Agamben.