Première monographie dans une langue occidentale sur la pornologie subversive et radicalement utopique du groupe d'avant-garde japonais d'antiartistes activistes Zero Jigen.
Zero Jigen (dimension zéro), le plus important groupe de happening du
courant antiart, opéra de manière intensive de 1960 à 1972 à Tôkyô et dans
tout le Japon, au moyen de rituels provocateurs, les gishiki. Sa guérilla
contre-culturelle « arterroriste » consistait en une praxis de l'obscénité dans
l'espace public d'un pays en surcroissance qui déniait ses réalités sociétales
(violente crise politique, pollutions, guerre du Viêt Nam). Malgré cette intensité
créative (300 happenings), Zero Jigen, contemporain du butô de
Hijikata Tatsumi et de Gutaï, fut méprisé par la critique au Japon et
demeure inconnu ailleurs. Occultation durable confirmant la validité de
ses actions improductives reniant formes esthétiques, castes artistiques et
parasitant la construction de l'image moderniste
du capitalisme japonais. Le Refus de Zero Jigen est une pornologie subversive
passant par « le corps » qui, à la différence
de nos conceptions, est désindividualisé,
dépotentialisé, désublimé et
radicalement utopique.
Basée sur des sources japonaises, cette
monographie, la première dans une
langue occidentale sur Zero Jigen, donne
accès à un contexte historique bousculant
les stéréotypes d'harmonie sociale
et de sérénité esthétique trop souvent attachés
à l'objet Japon.
Bruno Fernandès (né en 1959) est chercheur indépendant, ancien des Langues'O. Une expérience de terrain, comme musicien improvisateur (percussions), au contact de l'underground japonais (free rock, noise,
butō, performances) l'incitera à s'engager dans une recherche sur l'histoire des contre-cultures
japonaises. A publié la première monographie en langue occidentale sur le groupe de happening
Zero Jigen aux Presses du réel où il dirige la collection «
Délashiné » consacrée aux contre-cultures japonaises du XXe siècle.