Un examen collectif des
relations entre le
surréalisme et le « splendide XIXe siècle » qui habitait André Breton, et les mutations qui se sont opérées dans le domaine des idées politiques, du développement industriel, de la psychiatrie, de la philosophie ou de la morale, entre appropriation, détournement ou rejet.
André Breton, dans son texte « Le merveilleux contre le mystère », écrivait : « Splendide XIXe siècle
en deçà duquel il faut remonter d'un bond au XIVe siècle pour fuser dans le même ciel redoutable
en peau de chat-tigre », une manière sibylline et poétique de dire à la fois son adhésion, son
besoin de métamorphose et d'émancipation par rapport à la « civilisation » du XIXe siècle. Les jeunes
membres du mouvement
surréaliste, qui avaient tous entre vingt et trente ans à sa création, ont
baigné dans une culture politique, littéraire et visuelle qui a constitué, pour eux, un terreau idéal.
Il ne leur restait plus qu'à lancer leur machine de guerre contre la logique, la bienséance et la
morale et à libérer l'art ! Le bouillonnement économique, politique et social de l'Europe du
XIXe siècle qui connaît les insurrections nationales, l'âge industriel, l'émergence du syndicalisme,
du socialisme et les progrès de la médecine, avait tout pour séduire les surréalistes, eux qui
prônaient la révolte entre incitation à la violence et imagination. Qu'ils soient écrivains et/ou
artistes, Louis Aragon, André Breton, Robert Desnos,
Marcel Duchamp, Paul Eluard, Max Ernst,
Dora Maar et Philippe Soupault se sont tous fait, à un moment donné, les chantres de ce
XIXe siècle travesti.
Publié suite au colloque éponyme organisé au musée d'Orsay, Paris, en juin 2009.
Julia Drost est directrice de recherche au Centre allemand d'histoire de l'art à Paris, responsable de la
documentation Max Ernst et des Jeunes chercheurs. Elle a réalisé de nombreux travaux sur les avant-gardes
artistiques de la première moitié du XXe siècle. En 2013, elle a été, avec Werner Spies, commissaire de la rétrospective Max Ernst à l'Albertina de Vienne et à la Fondation Beyeler de Bâle.
Scarlett Reliquet est historienne de l'art, responsable de programmation au service culturel et de l'auditorium
du musée d'Orsay depuis 2007. Spécialisée dans l'histoire des avant-gardes artistiques de la première
moitié du XXe siècle, elle est l'auteur, avec Philippe Reliquet, d'une biographie
Henri-Pierre Roché, l'enchanteur
collectionneur (Ramsay, 1999), de
Marcel Duchamp/Henri-Pierre Roché et les Neuf Moules Mâlic (Les presses du réel, 2018) et éditeur de la
Correspondance Marcel Duchamp-Henri-Pierre Roché
(
Mamco, 2012).