Préférant aux « tombeaux de l'art » les musées imaginaires, l'auteur
des
Histoire(s) du cinéma a longtemps tourné le dos aux
propositions
d'expositions et au musée. Il finit pourtant par accepter de se confronter à ses
murs en 2006 au Centre Pompidou à l'invitation de Dominique Païni ; cela
donnera lieu, après force hypothèses, à l'œuvre finale controversée
Voyage(s)
en utopie, Jean-Luc Godard, 1946-2006,
à la recherche d'un théorème perdu.
Cette « chose » hybride à la croisée des arts plastiques et du cinéma, née de la
rencontre orageuse de l'art et de la culture, rejoue sur un nouveau mode ses
plus fondamentales interrogations d'artiste, tant dans l'élaboration des projets
que dans l'échec prodigue qui en résulte.
À partir des documents de travail inédits qui ont nourri les différents projets
au sein de l'institution française emblématique de l'art moderne – notamment
la correspondance faxée entre le cinéaste et son commissaire –
Godard, le dos
au musée – Histoire d'une exposition se propose d'explorer l'envers de la création
godardienne, en l'inscrivant de façon plus large dans le rapport que son œuvre
entretient au musée matériel et imaginé : la vie indocile de la création s'y
déploie dans ses fulgurances et ses repentirs, en quête de nouvelles possibilités
pour le cinéma « exilé » au musée.
« Très documenté (...), doté d'une riche iconographie qui rassemble des documents préparatoires liés aux différents projets d'exposition qui aboutiront aux
Voyage(s), porté par une écriture élégante qui épouse les méandres d'une œuvre où le musée est très tôt investi (de Malraux à Langlois) :
Godard, le dos au musée permet d'avoir prise sur une exposition dont la part de “légende” – une notion ici déconstruite – ne doit pas occulter la complexité qui la régit. Le tour de force de cet essai est d'accompagner le “[jeu] avec les signes et les pièges tendus par Godard” et de mobiliser parallèlement une réflexion sur l'exposition d'une rare précision. »
Dork Zabunyan,
Art press
« Limpide, la lecture de
Godard, le dos au musée éclaire en particulier les raisons du goût du cinéaste pour les fractures. L'auteure avance aussi de nouveaux théorèmes pour un cinéma que l'on ne revoit plus tout à fait de la même manière avec avoir refermé le livre. »
Christine Coste,
L'Œil