Première monographie d'envergure consacrée aux sculptures iconoclastes de Stefan Nikolaev, qui offrent la présence spectaculaire de sous-produits culturels monumentaux en mariant le design industriel au luxe de l'orfèvrerie artisanale, le formalisme idolâtre à l'icône pop, la promotion commerciale à la désillusion métaphysique (avec trois essais et un entretien).
Illustré de manière très exhaustive, le catalogue présente le travail d'un des artistes bulgares les plus en vue de sa génération. À l'image de son parcours partagé entre la France et la Bulgarie, son œuvre est riche des références d'une adolescence et un premier contact avec l'art vécus de l'autre côté du Rideau de Fer, mais aussi d'une exposition prolongée aux idoles et fétiches du monde (plus) occidental.
A travers un répertoire plastique qui use du précieux, du monumental et de l'already-made, Stefan Nikolaev produit de singulières alliances entre culture populaire et histoire de l'art. Un réalisme souvent ironique, arme de service héritée de l'expérience du communisme, lui permet d'aborder de manière intelligente et désabusée les anxiétés d'une société de consommation dont les sirènes majoritairement outre-Atlantiques n'en finissent pas de désenvoûter.
Des textes et entretiens par des curateurs et critiques (Iara Boubnova, Paul O'Neill, Emile Ouroumov), permettent d'explorer différentes facettes de cette œuvre atypique qui reste une des rares en provenance de l'Europe de l'Est à ne pas se focaliser prioritairement sur une appartenance régionale, afin de mieux transmettre un discours au-delà de l'effet de mode et du folklorisme. Les entretiens reviennent également sur l'histoire de Glassbox, espace indépendant fondé par l'artiste à Paris en 1997.
Artiste plasticien et sculpteur, fondateur de l'espace Glassbox, l'un des espaces indépendants les plus actifs à Paris au tournant des années 2000, Stefan Nikolaev,
né en 1970 à Sofia (Bulgarie), vit et travaille à Paris.
« L'œuvre de Stefan Nikolaev tourne très
clairement autour des multiples transformations
et métissages entre ce que nous
savons des objets du quotidien et la façon
dont l'artiste nous incite à les reconsidérer
lorsque nous réfléchissons à la forme et
la vision nouvelles dont il les investit. La
surface apparente de ses œuvres recèle
un récit en développement, mettant en
jeu les relations complexes qu'entretient
l'artiste avec la vie et la mort, le temps et
l'espace, la consommation et les produits de
nécessité vitale. Cette histoire déroule son
cours fluide au long de plus de quinze ans
de présence active sur la scène artistique
internationale.
L'intrigue est loin d'être épuisée et elle
a acquis, ces dernières années, le genre
de profondeur et de forte présence qui
transforme les idées attrayantes et ludiques
d'un jeune artiste en une expression puissante.
Il prête une très grande attention à
l'exécution formelle de ses œuvres, jusqu'à
être obsédé par la qualité de leur présence
physique. Peut-être est-ce là sa manière de rendre ses œuvres belles et communicatives ;
ou bien de les rendre durables et pérennes
tout en surmontant les peurs tapies tout
au fond de la pensée les sous-tendant.
Le traitement typique de la forme et des
idées par Stefan Nikolaev pourrait être
décrit comme caractéristique du design,
mais d'un design détourné : il y a trop à
lire dans ses œuvres, trop à associer et à
méditer en leur présence pour qu'on puisse
les appréhender dans un mode purement
fonctionnel.
(...)
Il est très tentant de postuler que
l'œuvre de Stefan Nikolaev ne s'oppose pas
seulement à la frénésie de consommation
mais traite aussi avec profondeur des thèmes
ultimes de la croissance et de la dégradation,
de la lumière et de l'obscurité, des
mouvements ascendants et descendants,
tout en recourant simultanément au langage
séduisant d'une objectivité attrayante et
désirable. L'impression dominante qui se
dégage de son œuvre est de se trouver face
aux créations d'un existentialiste réaliste
mais optimiste, craignant constamment
que ses pires cauchemars ne se réalisent
pas – car, après tout, rien ne dure éternellement,
pas même une cigarette. » (Iara Boubnova)