La Destruction de l'art est le premier livre à examiner de façon systématique l'iconoclasme et le vandalisme au cours de la période contemporaine. Cette ambition est née de la chute des « monuments communistes » à partir de 1989, qui a démontré que, même en Europe, l'iconoclasme n'appartenait pas au passé. L'étude propose une vue d'ensemble, au plan international, des attaques portées contre des œuvres d'art et des biens culturels, et recherche ce qu'elles ont en commun et ce qui les différencie, en s'appuyant sur les données empiriques et les apports de plusieurs disciplines, dont la sociologie, la psychologie et la criminologie. À l'aide d'études de cas permettant de saisir la complexité des situations et la multiplicité des acteurs, l'enquête aborde aussi bien les destructions dues à des autorités et aux propriétaires des œuvres que le « vandalisme embellisseur » des architectes et urbanistes et que les agressions, anonymes ou revendiquées, ayant lieu dans l'espace public et à l'intérieur des musées. Attentive aux enjeux que représentent les explications, justifications et interprétations de ces actes, elle examine les changements apportés à l'iconoclasme par le « culte du patrimoine » et la condamnation politique et morale du « vandalisme », ainsi que le rôle croissant des moyens de communication et leur développement technique. Une attention particulière est apportée aux rapports paradoxaux liant l'évolution de l'art moderne à l'iconoclasme, des appels avant-gardistes à faire « table rase » de la tradition aux rejets d'œuvres contemporaines dont on prétend les avoir prises pour des déchets. L'ouvrage interroge les liens existant entre cette histoire récente et les grands épisodes iconoclastes anciens, de la « querelle des images » byzantine à la Réforme et à la Révolution, et traite du rôle renouvelé de la religion.
Devenu un classique depuis sa publication en anglais en 1997, traduit en allemand et en espagnol, La Destruction de l'art paraît avec une bibliographie mise à jour et une préface inédite. À l'heure où l'iconoclasme artistique prospère et où les attaques contre le patrimoine culturel sont des armes politiques de première importance, il peut aider à en comprendre la généalogie et la logique.
Professeur d'histoire de l'art à l'Université de Genève, Dario Gamboni (né en 1954 à Yverdon, Suisse) est l'auteur de très nombreuses
études sur l'art du XIXe au XXIe siècle, entre autres
La Plume et le pinceau – Odilon Redon et la littérature (Les Editions de Minuit, 1989),
Paul Gauguin au « centre mystérieux de la pensée » (Les presses du réel, 2013),
La destruction de l'art – Iconoclasme et vandalisme depuis la Révolution française (Les presses du réel, 2015) et
Images potentielles – Ambiguïté et indétermination en art moderne (Les presses du réel, 2016). Il a collaboré à plusieurs expositions, dont
Iconoclash: Beyond the Image Wars in Science, Religion, and Art (ZKM, Karlsruhe, 2002),
Une image peut en cacher une autre – Arcimboldo – Dalí – Raetz (Galeries nationales
du Grand Palais, Paris, 2009) et
Damage Control: Art and Destruction since 1950 (Hirshhorn Museum and Sculpture Garden, Washington, 2013).