Un essai sur un
cinéma d'art contemporain intempestif, indépendant, fragile qui vise à mettre en perspective les voisinages féconds entre l'œuvre filmique de
Marguerite Duras et celles de
vidéastes-
cinéastes d'une jeune génération.
Si les films de Marguerite Duras constituent des « films de voix », si « lire le film et voir le livre » est un programme esthétique qui court tout au long de son œuvre, les images, les textes et les sons ne cessent d'échanger leurs potentialités au sein des livres, des textes pour le théâtre, des films et des pièces radiophoniques. L'écrivain y poursuit l'invention et l'expérimentation de formats diversifiés, de l'espace sonore à l'espace littéraire, de l'espace cinématographique à l'espace scénique. Ces modélisations multipliées de formats aux temporalités disparates opèrent par diffractions d'un texte à l'autre, d'un espace à l'autre, par la mise en œuvre de dispositifs dialogiques.
Marguerite Duras partage une conception de l'écriture filmique comme « espace-kaléidoscope » avec les artistes contemporains, qui à leur tour font de l'écriture de la réalité chère à l'écrivain, ainsi que des relations croisées, faites de liaisons et de déliaisons, entre les images et les sons, le lieu fondamental de leur travail. Il ne s'agit pas tant de mettre en exergue un voisinage des cinéastes et des artistes contemporains avec Marguerite Duras, dont l'œuvre modéliserait un régime des images et que ceux-ci exemplifieraient dans des œuvres contemporaines. Il s'agit davantage d'inverser la perspective en assemblant un corpus de films avec lesquels l'univers esthétique de Duras voisine et chemine de concert, selon le principe d'un « Manifeste rétroactif » cher à Rem Koolhaas. Ce sont les films du « cinéma d'art contemporain » qui accueillent dans leur archipel les films de Marguerite Duras, aujourd'hui.
Intempestif. Indépendant. Fragile – Marguerite Duras et le cinéma d'art contemporain vise à rendre par textes et images, dans une forme libre, le récit de ces passages, pour mettre en exergue les points de friction et les interstices qui nouent entre elles les images.
Avec
Olivier Bardin, Laetitia Bénat, Wang Bing Manon de Boer, Patric Chiha, Hugues de Cointet, Julien Crépieux,
Dora García,
Dominique Gonzalez-Foerster, Joanna Grudzinska, Lodge Kerrigan,
David Lamelas, Christelle Lheureux, Julien Loustau,
Benoît Maire, Ariane Michel,
Charlotte Moth,
Marylène Negro, Vladimir Perisic, Florence Pezon,
Stéphane Pichard, Jimmie Robert, Gregg Smith,
Philippe Terrier-Hermann,
Apichatpong Weerasethakul.
Voir aussi
Marguerite Duras.
Pascale Cassagnau est docteur en histoire de l'art et critique d'art, responsable des fonds audiovisuels et nouveaux médias au Centre national des arts plastiques (Ministère de la culture). Elle collabore à
Art Press depuis de nombreuses années. Elle est l'auteur de textes sur
Chris Burden, James Coleman,
John Baldessari,
Pierre Huyghe,
Dominique Gonzalez-Foerster,
Matthieu Laurette notamment. Ses recherches portent les nouvelles pratiques cinématographiques, dans leur dialogue croisé avec la création contemporaine. Son essai
Future Amnesia – Enquêtes sur un troisième cinéma (Ed. Isthme) cartographie ces nouvelles formes filmiques, entre fiction et documentaire.
Un pays supplémentaire (Ed. Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris) porte sur la place de la création contemporaine dans l'architecture des médias.