Dès 1933, Walter Benjamin trouve dans les écrits de
Charles Fourier et de ses exégètes les motifs d'une surprenante radicalité politique tournée vers l'utopie et l'émancipation. De
Paris, capitale du XIXe siècle aux thèses sur le concept d'histoire,
Fourier tient ainsi un rôle stratégique pour dire le refus de toute abdication face à l'ordre dominant, la lutte constamment menée pour un monde autre.
Cette place méconnue de
Fourier dans l'œuvre du philosophe allemand est ici mise en relief et si, de la « sublime exagération de l'espérance » prêtée à
Fourier, Benjamin fit des armes pour son temps, c'est à en éprouver le caractère toujours explosif que nous invitent aussi les contributeurs de ce numéro enrichi de traductions inédites de textes de Benjamin et Adorno autour de
Fourier.
Arrimés à l'Association d'Études Fouriéristes, coordonnés depuis plusieurs années avec le site
charlesfourier.fr, les
Cahiers Charles Fourier accueillent chaque année, depuis 1990, dans la plus complète autonomie scientifique et financière, des articles, des éditions critiques de documents, une rubrique « expérimentations », des notes de lecture et des informations diverses.
Comité de rédaction :
Jonathan Beecher, Dan Berindei, Gaston Bordet, Laurence Bouchet,
Thomas Bouchet, Michel Cordillot, Ceri Crossley,
Simone Debout,
Bernard Desmars, Jean-Claude Dubos, Nicole Edelman, Jean Fornasiero,
Chantal Guillaume, Roberto Massari, Pierre Merklé, Hans Moors, Francis Sartorius,
René Schérer,
Louis Ucciani, Marc Vuilleumier.
Voir aussi
Charles Fourier.
Philosophe, historien de l'art, critique littéraire, critique d'art et traducteur allemand, Walter Benjamin (1892-1940) est considéré comme l'un des théoriciens les plus influents du XXe siècle. Membre de l'École de Francfort aux côtés de Theodor Adorno, Ernst Bloch et Max Horkheimer, il a également entretenu des amitiés étroites avec des penseurs tels que le théoricien marxiste Georg Lukács, le dramaturge Bertolt Brecht et l'historien et philosophe juif Gershom Scholem. Parmi les œuvres les plus connues de Benjamin figurent les essais
La tâche du traducteur (1923),
L'Œuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique (1936) et
Thèses sur la philosophie de l'Histoire (1940). Son œuvre en tant que critique littéraire comprend des essais sur Baudelaire, Goethe,
Kafka, Kraus, Leskov, Proust, Walser et Scheerbart. En 1940, à l'âge de 48 ans, Benjamin se suicide à Portbou, à la frontière franco-espagnole, alors qu'il tente d'échapper à l'invasion nazie, laissant son œuvre dans l'inachèvement.