Monographie grand format témoignant de la multiplicité du travail de l'artiste nominé pour le prix Marcel Duchamp 2011, et du présent de son œuvre : une rétrospective de ses peintures, sculptures et installations en 150 reproductions et deux essais.
La peinture entoure les pratiques de Damien Cabanes qui expérimente tout aussi facilement la sculpture
que le dessin. Depuis la fin des années 1980, chaque période associée à un lieu de travail le voit explorer
un nouveau médium ou un nouveau geste jusqu'à épuisement de ses fondements et jusqu'à saturation
de l'atelier : les peintures minimales de l'atelier de la rue de Clignancourt, les taches colorées de la
fin des années 1980 et du début des années 1990, puis, après les damiers, les autoportraits, et à partir
de 1994, l'abandon du travail bidimensionnel au profit de la sculpture ou pour un « espace pictural
multidimensionnel ».
Cyril Jarton, dont le texte restitue et analyse remarquablement le parcours de
Damien Cabanes, perçoit ce changement comme la nécessité de « se projeter autre part, radicalement autre
part, pour continuer à produire une œuvre qui soit porteuse de pensée et de civilisation. » Les sculptures
prennent la forme de cubes, de puits, de cônes, de boules, de tortillons en plâtre ou en polystyrène
souvent peints et, à « l'atelier de sculpture » de Montreuil, de personnages en terre cuite souvent émaillée.
En 2006, Damien Cabanes retrouve la peinture « comme espace détaché, libre ou presque des pesanteurs
et des résistances de la matière. » (C. J.) Comme l'exprime Olivier Kaeppelin dans son introduction,
« Damien Cabanes n'est pas un formaliste, et son œuvre passe, avec une claire nécessité, de la peinture à la
sculpture, de l'abstraction à la figuration, à la recherche de la formulation la plus signifiante. »
Publié à l'occasion de l'exposition de Damien Cabanes au musée d'Art moderne de Saint-Etienne, de septembre à novembre 2011.
Peintre et sculpteur, abstrait et figuratif, prolifique et silencieux, Damien Cabanes (né en 1959 à Suresnes, vit et travaille à Paris) se joue des paradoxes pour mieux dépasser toute forme d'enfermement. Son art laisse deviner des références, du minimal américain à l'art brut en passant par les expressionnistes allemands, mais ces différentes influences disparaissent vite au profit d'un désordre énergique au service de la vibration des matières et des formes, jusqu'au surgissement de la présence. Son œuvre peut ainsi s'inscrire dans un hors-temps, marqué par aucune époque strictement identifiable ni aucune culture spécifique.