Un essai sur le destin manqué de Paul Chenavard (1807-1895), peintre-prophète romantique maudit, illustrant l'écart entre les prétentions historiques qui construisent le mythe moderne de l'artiste et une efficacité relative.
Visionnaire, célèbre et célébré, talentueux et redoutablement savant, le peintre d'origine lyonnaise Paul
Chenavard fut tout au long du XIXe siècle – dont il rallia quasiment les deux extrémités (1807-1895) –
un personnage central de la vie artistique. Il n'en demeure aujourd'hui rien, ou presque. Son obsession
d'un dispositif esthétique absolu, susceptible de dévoiler les ressorts de l'histoire et de l'infléchir, écrasa
sa vie. Incapable d'achever son gigantesque projet de Palingénésie universelle que lui inspirèrent Hegel
et les peintres mystiques allemands, ratant l'occasion de l'installer au cœur du Panthéon, il finit par
promener, au fil des coteries et des portraits qui lui rendaient hommage, sa tenace mélancolie.
La carrière de Paul Chenavard fait partie des grands exemples de l'auto-investiture sociale de la création,
ambitionnant, à compter du romantisme, de rénover le monde. La vocation du peintre-prophète
est surtout l'illustration édifiante de l'écart entre les prétentions historiques qui construisent le mythe
moderne de l'artiste et une efficacité pour le moins relative. C'est cet écart que mesure le présent
essai, à la recherche d'un être dont le trajet, faute d'être digne des grands maudits, confina à l'errance des
destins manqués.
« Les presses du réel prennent à contre-pied l'histoire de l'art positive avec la passionnante (et bien écrite) étude de Thomas Schlesser sur Paul Chenavard. »
Christophe Domino, Le journal des Arts n° 320
Historien de l'art, écrivain, journaliste, commissaire d'exposition, professeur à l'École polytechnique, directeur de la
Fondation Hartung-Bergman, Thomas Schlesser (né en 1977 à Paris) a signé de nombreux travaux sur les rapports entre les champs esthétique (arts visuels, littérature, cultures de masse…) et politique. Il a publié plusieurs ouvrages sur
Gustave Courbet, dont sa thèse :
Réceptions de Courbet – Fantasmes réalistes et paradoxes de la démocratie (1848-1871) (Les presses du réel, 2007).
Thomas Schlesser est l'auteur de la préface de l'ouvrage de référence
Une image du peuple - Gustave Courbet et la révolution de 1848 de T. J. Clark, réédité aux Presses du réel en 2007, ainsi que d'un essai sur
Sophie Ristelhueber (Les presses du réel, 2009). Son premier roman,
Les Yeux de Mona (Albin Michel, 2024), est un phénomène littéraire international.