Un entretien entre le philosophe René Denizot et l'artiste Giulio Paolini, autour d'une œuvre qui, proche de l'arte povera, puise son vocabulaire formel dans la statuaire antique, canoniale de la beauté classique, et figure une réflexion sur l'histoire de l'art et la culture : opérant un renversement sur le rapport de l'art et du sujet, l'art de Paolini fait du sujet le thème et le décor permanent de ses représentations.
Les premières œuvres de Giulio Paolini (né en 1940 à Gênes, vit et travaille à Turin) au début des années 1960 anticipent
par bien des aspects les données que Germano Celant va théoriser quelques
années plus tard sous le terme d'“arte povera”. Au cours des années 1970,
Paolini s'emploie à révéler les éléments constitutifs du tableau ainsi qu'à faire
apparaître l'ensemble des relations que tisse une pièce entre l'objet, l'artiste, le
spectateur et le contexte de l'exposition. Cette démarche analytique rapprocha
Giulio Paolini des artistes conceptuels.
Multipliant les références à l'Antiquité et au Néoclassicisme, mêlant les
techniques les plus traditionnelles aux matériaux et aux formes d'expression les
plus contemporains (mobilier, performances, collages, installations...),
Giulio Paolini invente un langage paradoxal extrêmement personnel dont le
dédoublement et le fragment sont les figures les plus récurrentes.
Son travail a été présenté à de nombreuses reprises à la Biennale de Venise ainsi
qu'à la Documenta.