Âgée de 18 ans seulement, mais ayant reçu une éducation positiviste, républicaine et socialiste, grâce à son père, lecteur de
Charles Fourier
Juliette Adam livre, en 1858, avec ses
Idées anti-proudhoniennes un manifeste pour l'égalité et la liberté des femmes, qui s'adosse à un projet de société courageux et novateur, à un moment de l'histoire où le conservatisme sévit. Son pamphlet est une réplique à l'ouvrage de
Proudhon De la Justice dans la Révolution et dans l'Église publié la même année. Adam reconnaît la valeur des idées politiques et économiques du père de l'anarchisme, mais son système s'appuie sur une misogynie inacceptable qu'elle se donne pour objet de renverser en mobilisant une argumentation personnelle forte.
« Car Proudhon a le verbe trop haut et la parole trop retentissante, pour qu'il soit possible d'opposer, à ses raisons mêlées d'injures, le silence dédaigneux que méritent d'ordinaire ceux qui parlent un certain langage. D'ailleurs, combattre l'erreur est toujours un devoir. L'accomplissement de ce devoir devient une vertu quand on le poursuit avec des armes inférieurement inégales. Proudhon représente la force, puisqu'il est homme ; moi, la faiblesse, puisque je suis femme. Mais il y a quelque chose au-dessus de la force, c'est la vérité. Il y a quelque chose qui l'emporte sur la dialectique la plus serrée, sur l'avocasserie la plus habile, c'est le simple bon sens. La cause que je défends l'emportera, mais ce ne sera pas sans combats et sans efforts. »
Juliette Lambert (1836-1936), épouse La Messine, puis Adam, est une écrivaine, polémiste, salonnière
féministe et républicaine française. Son salon, dont Léon Gambetta est le grand homme, est un foyer actif d'opposition à Napoléon III et devient l'un des cercles républicains les plus en vue. En 1879, elle fonde
La Nouvelle Revue qu'elle anime pendant vingt ans et publie de nombreux romans et écrits autobiographiques. Dans les années 1890, Juliette Adam propose à des féministes modérées de participer à sa
Nouvelle Revue et rédige des articles sur la condition des femmes.