Le premier ouvrage complet sur l'art de Frank Malina, scientifique américain spécialiste des fusées devenu artiste basé à Paris, cofondateur du Jet Propulsion Laboratory, fondateur de la revue visionnaire Leonardo, et l'un des pionniers de l'utilisation de la lumière dans l'art cinétique et du rapprochement entre l'art et la science.
Ce livre retrace le parcours singulier de Malina, issu de l'ingénierie aérospatiale pour devenir une figure de proue de l'abstraction scientifique, tout en le contextualisant dans le paysage politique et artistique de la guerre froide. Il examine la manière dont l'artiste a combiné son héritage culturel américain et les ambitions de l'avant-garde européenne, et dont il s'est engagé dans des échanges interdisciplinaires et intercommunautaires, faisant apparaître Malina comme l'un des précurseurs de nombreux courants d'expression et de pensée contemporains.
Frank J. Malina (1912-1981), né à Brenham (Texas) de parents d'origine tchèque et de nationalité américaine, est un artiste et ingénieur dans l'aéronautique qui fit œuvre de pionnier dans le domaine des
sciences et de l'
art cinétique.
Après des études supérieures dans l'ingénierie mécanique à l'Université d'Agriculture et de Mécanique du Texas, et l'obtention d'un doctorat en aéronautique, en 1940, il entre à CAL TECH où il entreprend des recherches alors révolutionnaires sur les fusées et jets à propulsion, parallèlement à son travail d'illustrateur d'ouvrages scientifiques. En 1944, il fonde aux côtés de Theodore von Karman le « Jet Propulsion Laboratory » (Pasadena, Californie). En 1944-45, il conçoit et supervise la construction et le lancement de la première sonde à haute altitude : le « WAC ». A partir de 1947, une nouvelle phase de sa carrière débute. Conseiller au Département des Sciences Naturelles à l'UNESCO, il étudie les problèmes de sécheresse et d'aridité des terres. En 1951 il est nommé Directeur de Recherche Scientifiques.
En 1953, il quitte l'UNESCO, et installé définitivement à Paris pour échapper à la « chasse aux sorcières » de l'ère McCarthy, il se consacre entièrement aux arts sans pour autant rompre avec ses préoccupations scientifiques. En effet, il devient membre du Comité Fondateur de l'Académie Internationale d'Astronautique en 1960, et Président du Comité du Laboratoire Lunaire International.
Côté art, il se lance dans une série d'expériences centrées autour de la relation de l'homme au cosmos et aux mutations technologiques et scientifiques de la société moderne. Il devient un des grands leaders de l'art cinétique. Usant des techniques et matériaux de son temps (lampes électriques incandescentes ou fluorescentes, plexiglas...), il élabore successivement plusieurs techniques qui ont pour dénominateur commun la recherche de la lumière pure et du mouvement. Après la construction de tableaux en relief (en 1953) combinant ficelles, fils de fer, grillage, et visant à créer des effets moirés et une animation optique suivant la tradition de l'Op'Art, il développe, à partir de 1956, divers systèmes. Le « système Lumidyne » : une source lumineuse (lampes incandescentes ou tubes fluorescents) fixée à l'arrière de la composition traverse d'abord un disque rotatif, rehaussé de formes colorées (« le rotor »), puis une surface peinte, translucide et statique (« le stator »), pour produire sur un support translucide appelé « Diffusor », une œuvre finale composée de couleurs, lumières et mouvements. Le « système Reflectodyne » : la source lumineuse est placée dans un compartiment jouxtant la composition, et la lumière est colorée par l'intermédiaire d'un disque rotatif situé devant le rayon lumineux. Au centre de la boîte des tours métalliques ou « arbres » rotatifs munis de surfaces réfléchissantes, renvoient la lumière sur l'écran diffuseur. Dans les deux systèmes, mouvements et lumières fonctionnent suivant des cycles temporels précis ou au contraire imprévisibles. Le « Système Polaridyne » qui, par l'utilisation de matériaux polarisants et biréfringents, lui permet d'affiner son étude sur les effets optiques. Il invente également le « kusic », peinture cinétique où les images produisent de la musique grâce à un système de photocellules.
En 1967, pour réconcilier le monde des arts et des sciences, il fonde la revue
Leonardo précisément axée sur la rencontre et l'interaction de ces deux domaines.