Une traversée philosophico-cinématographique de l'œuvre filmique de Fassbinder, des audaces avant-gardistes des années 1968 aux retombées des années de plomb dix ans plus tard.
Les expérimentations du cinéaste dans les codes du cinéma de genre – film criminel, mélodrame, SF – y sont envisagées comme autant d'issues cherchées à un cinéma d'Allemagne impossible, tendu entre une industrie culturelle nationale sortie du IIIe Reich radicalement discréditée et l'empire exercé par les États-Unis sur le marché du film et la fabrique des imaginaires. Puisque c'est à Hollywood qu'est né le désir de cinéma de Fassbinder dans la RFA de l'après-guerre, que faire, sinon tenter d'en autochtoniser les images, risquer des films de gangsters allemands, des mélodrames d'immigrés et de déclassés munichois ? Et dans quelles images parvenir encore à machiner son désir dans la nouvelle conjoncture sensible imposée par l'Automne allemand et l'emprise de la communication médiatique ? Pour qui n'a pas de moyens d'expression propres mais seulement des langues étrangères à la fois incontournables et inappropriables, la citation se révèle le geste par excellence d'un cinéma mineur, voué à travailler dans des images d'emprunt, et à acclimater impossiblement les manières de vivre qu'elles prescrivent aux corps censés les incarner.
« A partir des films de Fassbinder, les deux auteurs de cet ouvrage proposent un excellent commentaire philosophique du cinéma allemand des années 1960-1980. »
Christian Ruby, Nonfiction
Armelle Talbot est maîtresse de conférences en arts du spectacle à l'Université Paris Cité, membre du CERILAC et directrice de la revue en ligne thaêtre.
Guillaume Sibertin-Blanc est professeur de philosophie contemporaine à l'Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis, membre du LLCP et codirecteur de la revue Actuel Marx.