La notion de primitivisme repensée afin de mettre en lumière le rôle du référent africain dans le développement des avant-gardes artistiques et littéraires en Europe.
Alors que le primitivisme est devenu un jalon incontournable des manuels d'histoire de l'art, l'intérêt des écrivains d'avant-garde pour les cultures extra-occidentales a longtemps passé inaperçu. Ce livre s'attache à éclairer un faisceau de pratiques et de réflexions que les avant-gardes historiques ont associées aux cultures africaines dans les années 1901-1924. Le premier quart du xxe siècle est marqué en effet par la diffusion d'une culture coloniale en Europe, qui touche les écrivains autant que les artistes. De Guillaume Apollinaire à Tristan Tzara, en passant par Blaise Cendrars, Jean Cocteau ou Yvan Goll, nombreuses sont les avant-gardes à s'intéresser aux arts dits « nègres ». Aucune ne s'est rendue toutefois sur le continent africain. L'Afrique, dans leurs écrits, est une construction textuelle, fabriquée à partir de sources multiples. Cette enquête dégage les différentes strates de représentations convoquées puis transformées dans ce processus de resémantisation, et met en lumière la teneur discursive du primitivisme qui élabore une Afrique palimpseste. Par un examen historique précis et critique, elle révèle la présence d'un moment africain des avant-gardes littéraires francophones.
Jehanne Denogent est docteure de l'Université de Lausanne. Ses recherches portent sur le primitivisme littéraire et plus généralement sur les phénomènes de transferts culturels à partir de corpus africains. Elle a publié plusieurs travaux sur l'œuvre de Blaise Cendrars, de Tristan Tzara ou sur la littérature francophone africaine.