Les enjeux de la bibliothèque et de la collection photographique mises en œuvre par
Aby Warburg, en tant que « laboratoire » de recherches collectives sur les formes de transmission des images depuis l'Antiquité. Une étude de cas exceptionnel, traversée par la question : quel a été l'impact de la
photographie dans le tournant que Warburg marque dans l'
histoire de l'art et de la culture ?
La Kulturwissenschaftliche Bibliothek Warburg fonctionna, dans les années 1920, comme un véritable laboratoire de recherche sur les formes de transmission des images depuis l'Antiquité. Si son fondateur Aby Warburg (1866-1929) en fut la figure centrale, cette bibliothèque pionnière fut toujours imaginée comme une entreprise collective, et serait impensable sans l'apport essentiel d'autres personnalités (Fritz Saxl et Gertrud Bing notamment) dont l'importance commence enfin à être reconnue. Laboratoire à la croisée des disciplines, la KBW fut aussi et avant tout un espace de pensée intermédiale, où se conjuguent autant de gestes techniques : photographier et collecter, cartographier et mettre en série, construire des voisinages, projeter, exposer enfin. Seuls ces modes de visualisation autorisent à comprendre toute la portée des concepts warburgiens connus (« formule de pathos », « vie posthume », « migration des images »...). C'est l'articulation dynamique de ces opérations, au cœur desquelles se trouve la reproduction photographique, qui distingue la Bibliothèque et sa collection d'images en tant que dispositif plurimédial de connaissance. Sa reconstruction détaillée explicite ici les conditions de possibilité de l'« espace de pensée » ouvert par l'instrumentaire warburgien, la singularité de son anthropologie visuelle, ainsi que son potentiel toujours critique.
« K.B.W. La bibliothèque Warburg, laboratoire de pensée intermédiale est un ouvrage qui fera date dans les études warburgiennes, tout spécialement en français. Philippe Despoix livre là une somme savante qui devrait permettre au lecteur de se doter d'une vision renouvelée de cet auteur décisif. »
Carole Maigné, Acta fabula
Philippe Despoix est professeur de Littérature comparée à l'Université de Montréal où il dirige le projet « The Warburg Library Network » au Centre de recherches intermédiales sur les arts, les lettres et les techniques.