Un livre de dessins de l'artiste français, reprenant des projets non réalisés et des scénarios improbables :
une méthode de recherche artistique et une esthétique de l'impossible, de l'inachevé ou de l'échec, un manuel pour rendre les choses plus compliquées qu'elles ne le sont déjà (livre d'artiste intégralement dessiné à la main).
Nothing Special est un livre de dessins (reproduits en pleine page) de l'artiste français qui sont autant de réflexions sur son propre travail. Ces dessins sur papier reprennent avec un humour d'une grande finesse des plans pour des projets non réalisés et des scénarios improbables, et sont emprunts des dimensions à la fois poétiques et politiques qui caractérisent toute l'œuvre de Julien Berthier :
se succèdent
une sculpture publique de fumée permanente, le Pendule de Berthier, qui permet de démontrer que la terre tourne aussi la nuit, un papier froissé atterri hors de la corbeille (Another bad day), la reconstruction du Taj Mahal à l'échelle 1 + 2 % en placoplatre, la bouteille à sabrer pleine de nitroglycerine, de l'huile à faire grincer les portes, la double benne, la méthode pour profiter des tremblements de terre au lit, la solution technique au point de non retour, la chaise à pieds taillés en alumettes sur un sol recouvert de grattoir, la machine à préparer une amélioration du monde (en cours de construction), la démonstration qu'il vaut mieux vivre en face de la plus belle maison que dedans, la pierre tombale publicitaire de JC Decaux, l'ajout d'un tuyau à Beaubourg, etc.
Julien Berthier (né en 1975 à Besançon, vit et travaille à Aubervilliers) réalise des sculptures, des vidéos, des photographies et des dessins.
« Ne pas laisser le monde aux mains des spécialistes. » En construisant des objets – à la fois hyperréalistes et néanmoins fictionnels – qu'il confronte à l'espace public, Julien Berthier reste fidèle à cette déclaration. L'artiste poursuit une ambiguïté permanente dans les œuvres et les situations qu'il produit. Il nous offre à la fois des objets plausibles (qui pourraient tout à fait exister dans le monde dans lequel nous vivons) et leur critique. Loin de l'idée d'améliorer le monde, l'artiste utilise l'ironie, en tant qu'acte de feindre l'ignorance pour susciter un questionnement, afin d'introduire une réflexion plus générale sur notre société.
Les œuvres de Julien Berthier peuvent
« modifier la vie sociale, contribuer à son amélioration, en démasquer conventions, aspects inaperçus ou refoulés [ce qui] revient à parler pareil (comme tout citoyen que concerne la vie publique en milieu démocratique) et autrement (en usant de moyens, d'ordre artistique, à même de susciter une attention plus aiguë, plus singulière que celle que permet le langage de l'art un langage social). Il s'agit de faire du langage de l'art un langage à la fois intégré, donc capable d'être entendu, et dissonant, c'est-à-dire dont le propos vient mettre en débat l'opinion dominante. » (Paul Ardenne, in L'art contextuel, 2004).