Un essai de Robert Bonaccorsi sur le tableau très singulier de
Gilles Aillaud « La bataille du riz », illustré par un portfolio qui contient les documents historiques mentionnés dans le texte, provenant d'archives muséales ou de la collection de l'auteur.
Le tableau de Gilles Aillaud
La Bataille du riz, réalisé en 1968, occupe une place à part dans son travail grâce à sa lisibilité assumée et à sa présence en tant que manifeste. Cette œuvre s'inscrit dans une démarche initiée dans le cadre du Salon de la Jeune Peinture (dont Gilles Aillaud fut le principal théoricien) dès 1964, qui se concrétise
via l'expérience collective de la « Salle rouge pour le Vietnam », qui réunit les œuvres de vingt-quatre peintres avec un seul lien revendiqué, « la guerre du peuple » vietnamien. Conçue pour le Salon de la Jeune Peinture annulé en raison des événements de Mai 68, l'exposition sera montée à l'ARC – musée d'Art moderne de la Ville de Paris du 17 janvier au 23 février 1969, et ensuite de façon itinérante et militante dans plusieurs villes de France.
L'ouvrage s'attache à restituer l'histoire de ce tableau, tout à la fois dans l'évolution de la démarche de Gilles Aillaud – en particulier avec les expériences menées à « plusieurs mains» aux côtés d'
Eduardo Arroyo et Antonio Recalcati –, mais aussi dans le contexte des débats esthétiques théoriques et politiques (autour de la mise en cause de la culture bourgeoise, du marxisme, du maoïsme, de la peinture politique, du réalisme socialiste…) qui se font jour dans le cadre de la Jeune Peinture et qui trouveront un prolongement concret dans l'expérience de l'Atelier populaire, en mai 1968.
Les sources et références qui président à la création des tableaux de la « Salle rouge » sont mises également en lumière, notamment pour
La Bataille du riz, œuvre singulière issue d'une volonté et d'une pratique collectives, et qui se présente aujourd'hui telle une grande peinture d'histoire contemporaine, dans toutes les acceptions du terme. Le livre comprend un index ainsi qu'un cahier central regroupant des documents rares et pour certains inédits.
Robert Bonaccorsi est né en 1950. En tant que commissaire, il met en œuvre des cycles d'expositions principalement consacrées au renouveau de la peinture des années 1960 à nos jours, à la galerie La Tête d'obsidienne (La Seyne-sur-Mer, Fort Napoléon) et surtout à la Villa Tamaris – centre d'art (La Seyne-sur-Mer), de 1995 à mars 2019. Dans cette perspective, il s'est intéressé particulièrement aux artistes liés aux nouvelles figurations (
figuration narrative, figuration critique, Jeune Peinture,
Pop Art…). Il est l'auteur et/ou le directeur éditorial de nombreux ouvrages, catalogues et monographies consacrés aux artistes de cette période. Dans le même temps, à partir de 1978, il organise une programmation régulière sur et autour du jazz et des musiques improvisées, dans le sud de la France. Il crée, en 1985, le Festival de Jazz du Fort Napoléon, dont il assure la direction artistique jusqu'en 2014. Avec André Jaume, il a dirigé le label CELP musiques, consacré au jazz contemporain, entre 1985 et 2014. Il s'est attaché également à l'étude de la littérature de grande diffusion (roman-feuilleton, roman populaire, culture médiatique). Dans ce cadre, il est le rédacteur en chef des
Cahiers pour la littérature populaire, de 1983 à 2003. Il poursuit ses interventions dans cette perspective, notamment au sein de la revue
Le Rocambole.