Une série d'images historiques de bâtiments et de monuments, retouchées par l'artiste qui les augmente des flammes qui ont ravagé ces monuments bien après l'époque de l'image originale, superposant le présent et le passé.
Après avoir chiné où que ce soit (y compris en ligne) d'anciennes représentations (quelle que soit leur nature) de bâtiments, de cathédrales, de monuments, Renaud Auguste-Dormeuil les retouche et les augmente des flammes et du panache de fumée qui s'en sont emparés, un jour, une nuit, mais bien après l'époque de l'image originale. Ainsi, cette peinture où un bateau à vapeur vogue sur la Seine vers Notre-Dame de Paris sous un ciel jaunâtre et matinal, est-elle rehaussée des feux de l'incendie, qui une fin d'après-midi, en 2019, a ravagé la cathédrale. Voilà ainsi combinées, dans un même espace, un même cadre, deux temporalités et deux visées plastiques que tout sépare. L'une (la première) entendait saisir le monument dans toute sa splendeur quand sa version rectifiée le montre dans cet instant imprévisible, intense, incandescent, celui de sa destruction. Toute la série se meut ainsi dans les arcanes du temps, entre le passé d'un monument et son pire futur qui, pour imprévisible qu'il fût, ne manqua pas d'advenir.
L'ouvrage paraît sous quatre couvertures différentes, distribuées aléatoirement.
Né en 1968 à Neuilly-sur-Seine, Renaud Auguste-Dormeuil vit et travaille à Paris.
L'exercice unilatéral du pouvoir et le point de vue sont des préoccupations récurrentes dans l'œuvre de l'artiste. Une part importante de son travail concerne les technologies de la communication, comme réflexion critique sur leurs usages. Visibilité / invisibilité, luminosité / obscurité, mémoire/oubli, ce que l'on sait / ce que l'on croit savoir... Ni document d'archive, ni photographie au sens strict du terme, ni même pure modélisation scientifique, ses œuvres possèdent le charme ambigu de ce qui échappe à la définition, dépassant, à chaque tentative de qualification de leur statut, le cadre trop étroit dans lequel on voudrait les inscrire. Si les premières préoccupations de l'artiste étaient essentiellement tournées vers les nouvelles cartographies, son œuvre a ensuite pris un tour plus métaphorique et performatif.