Rassemblant 25 textes d'auteurs venant de différents horizons, Cosmograms est conçu comme une extension du film de Melik Ohanian Seven Minutes Before (2004), une allégorie cinématographique de l'épuisement d'une certaine forme narrative et de l'avènement d'un nouveau paradigme spatio-temporel, avec une vingtaine de contributions d'auteurs venant de divers horizons.
Contributions de Cecil Balmond,
Gilles Clément,
Beatriz Colomina, Tacita Dean, Richard Drayton, David Elbaz, Patricia Falguières, Medard Gabel, André Gaudreault, Paul Gilroy,
Édouard Glissant, Anna Halprin, David Held, Pekka Himanen, Bruno Latour, Charles Musser,
Jean-Luc Nancy, Jane Poynter, Jean-Christophe Royoux, Saskia Sassen, Peter Sloterdijk, John Tresch, Eduardo Viveiros de Castro et Robert Whitman.
Melik Ohanian est un artiste français né en 1969, qui vit à New York et Paris, et dont toute l'œuvre, engagée au milieu des années 1990, est centrée sur l'image. Elle en interroge les moyens, les supports, la puissance allégorique en revenant de façon incessante sur un certain nombre de sujets récurrents : les zones désertiques, le monde ouvrier, la fin des utopies révolutionnaires, les faits scientifiques ou historiques, l'identité arménienne.
Doté d'une réelle culture de l'image, tant historique que technique, Melik Ohanian a très rapidement focalisée son attention sur l'invention de nouveaux modes de construction et de présentation de l'objet filmique par-delà toutes les formes cinématographiques existantes. En privilégiant les paradoxes et les retournements, il a développé par étapes un vocabulaire de gestes plastiques et filmiques originaux qui en font l'un des artistes caractéristiques de ce que l'on a pu appeler le « cinéma d'exposition ». L'utilisation récurrente du travelling contre le montage, la projection de film sans images, la conception de films pour un seul écran sont quelques-uns de ces gestes singuliers. Parmi eux, la spatialisation du film est une préoccupation constante dont la réalisation et la présentation de Seven Minutes Before (2004), et Days, I See what I Saw and what I will See (2011), constituent des points culminants. Melik Ohanian donne alors naissance à une nouvelle catégorie d'objet cinématographique que l'on pourrait nommer « le film - monde ».
Par-delà ces projets ambitieux qui aiment remettre en question les évidences constitutives du cinéma, l'œuvre de Melik Ohanian se décline sous une multitude de formes. Parmi celles-ci, la conception d'objets sculpturaux prend une place de plus en plus importante pour interroger à la fois l'espace d'exposition en tant qu'espace de représentation et les enjeux spécifiques, mémoriels, historiques, politiques, propres à la forme monumentale.
— Jean-Christophe Royoux
Melik Ohanian est le lauréat du Prix Marcel Duchamp 2015.