Sous un titre en forme d'inventaire qui pourrait énumérer autant de sujets photographiques, cet ouvrage documente de manière exhaustive le travail de Pierre-Olivier Arnaud depuis le début des années 2000.
Alors que le régime des images et leur mode d'apparition sont des préoccupations centrales pour l'artiste, le livre, conçu par Maximage, en rassemble différents types et met en perspective, par le traitement de la page et la matérialité du livre, l'expérience de lecture de ces documents : vues d'expositions d'une part, et de l'autre, l'exposé d'œuvres, par nature reproductibles, se déployant dans le format du livre. Deux textes d'
Anne Giffon-Selle et de
François Aubart offrent un appareil critique conséquent et une approche sensible de cette œuvre n'ayant de cesse de sonder les désirs qui configurent notre rapport aux images. François Aubart analyse ce double mouvement caractéristique qui consiste à « désaffecter » et « dégrader » (au sens multiple) l'image photographique pour la re-présenter comme un possible objet de désir ou de curiosité et dont l'articulation se trouve dans la « mise en circulation ». Dans son entretien avec l'artiste, Anne Giffon-Selle l'interroge sur son rapport à la modernité et au monde contemporain ainsi que sur les enjeux politiques et philosophiques de sa démarche traversée par la pensée de
Walter Benjamin ou de
Vilém Flusser.
Le travail de Pierre-Olivier Arnaud (né en 1972, vit et travaille à Lyon) repose sur l'image, l'image en tant que motif mais qui tendrait à disparaître. Il s'interroge sur le statut que peuvent avoir ces images qu'il collecte, statut somme toute trouble de part la précarité même de ces motifs et de leur identité, c'est peut être d'ailleurs pour cela que l'artiste ne se définit par comme un photographe, qui lui prendrait une image pour ce qu'elle est et donne à voir de façon immédiate et littérale. POA, lui, travaille les images dans ce qu'elles ont d'invisible, de fragile, dans leur non-évidence et dans les représentations et interprétations qu'elles peuvent susciter. S'éloignant d'un regard concret sur l'image, il produit une multitude de motifs souvent abstraits, presque toujours en noir et blanc, brouillant notre vision établie et désublimant le visible. Les oeuvres de POA offrent parfois une vision quelque peu sombre, directe et franche et nous apprennent à regarder autrement, outrepasser une beauté évidente trop clinquante et aller plus loin vers l'identité même de l'image.