les presses du réel

The Drawer n° 18 – Jaune

extrait
Edito
J comme Jaune

En choisissant d'explorer le jaune en ce printemps 2020, on avait pensé donner une couleur politique à ce volume. Et puis non. On ne trouvera aucune référence au mouvement social qui a secoué la France l'année dernière - à part peut-être et de façon indirecte les éclats de peinture littéralement tirés sur le papier par l'artiste niçois Noël Dolla dans sa récente série « Sniper », jamais montrée ni publiée.
On avait aussi plus modestement envie de couchers de soleil. De ceux qui enflamment les villes et les bords de mer. Et puis non. Aucun véritable sunset. Beaucoup de lumière à la place, sous toutes ses formes : la lumière éclatante des ciels d'été aquarellés d'Armando Marino, celle d'un tube de néon évoqué par Guillaume Linard Osorio, la lumière qui fait chauffer les couleurs et la cire des dessins de Luke James, celle du village des Hamptons où l'Américain Saul Steinberg coula des jours heureux à dessiner, comme le montre le portfolio inédit en pages centrales de ce numéro.
Ici, comme le dit si bien Gregory Cuquel à propos des dessins qu'il nous a confiés, « le jaune est plutôt ébloui, dans le blanc du papier, dans le sable et/ou la lumière d'un souvenir. »
Le jaune est dans le papier de riz sur lequel le peintre, illustrateur et auteur Jean-Philippe Delhomme dessine à l'encre noire ses scènes d'atelier. Il est dans les cartes d'or japonaises qui servent de support aux aquarelles abstraites de l'artiste mexicain Gabriel Orozco. Elles font scintiller ce volume au même titre que les paillettes dont le journaliste et artiste Laurent Goumarre se sert pour dessiner et pour rehausser ses polaroïds. L'or est encore dans les lieux d'art et de culture investis par les sculptures virtuelles de l'artiste Marie Maillard.
Le sable est, lui, présent dans les scènes de plage peintes par Farah Atassi, The Swimmer, The Game et The Player. Il fait même partie de certains paysages sur papier de l'Américaine Tessa Perutz, faits d'huile, de crayon et de sable provenant des côtes françaises.
Le jaune est dans la blondeur des filles d'Ana Benaroya, que la jeune artiste américaine représente exagérément musclées pour donner de la force aux femmes du monde entier - comme Mira Schor avant elle, artiste et féministe engagée depuis le début des années 1970, dont l'œuvre Sexual Pleasure datée de 1998 et reproduite dans ces pages pourrait faire figure de manifeste. La politique sera donc finalement et heureusement bien présente dans ce numéro, dont la couverture, signée de l'ancien graffeur et célèbre artiste Lee Quiñones, affiche en son centre le mot « Justice ». Avec un J comme Jaune.
thèmesen lien avec













 haut de page