Préambule
(p. 289)
Les six textes réunis ici ont été écrits entre 2013 et 2017. La moitié traite
d'aspects importants, mais encore rarement abordés, ou seulement de
manière superficielle, chez
Joseph Beuys, Max Bill,
Fischli | Weiss et
Ai Weiwei, et de leur rapport avec plusieurs concepts artistiques de
Marcel
Duchamp. Ainsi, le texte « Joseph Beuys – le silence de Marcel Duchamp
est surestimé : un malentendu », remontant déjà à 2013, reconstitue la
gestation en 1964, pour la Deuxième chaîne de télévision publique allemande
(ZDF), de la plus célèbre performance de Beuys, et explique
pourquoi cette performance reposait sur un malentendu lourd de conséquences
quand elle se référait directement au mythe, surgi de nulle part,
que Duchamp aurait renoncé depuis longtemps à la création artistique
pour se replier, en un ultime geste artistique, dans le silence. Le texte
« Max Bill, Fischli | Weiss et Marcel Duchamp », montre ensuite pourquoi
ce n'est pas Walter Hopps, mais Max Bill, qui organisa la première
exposition personnelle de Duchamp dans une institution publique,
dans quelle mesure Peter Fischli et David Weiss ont pu avoir connaissance
de cette exposition aujourd'hui oubliée et comment ils en sont
finalement venus à reprendre à leur compte en 1984 l'idée d'
Équilibre,
œuvre non réalisée de Duchamp, pour en faire leur propre création artistique.
« Le Pendu de porcelaine : Les “Hommages” d'Ai Weiwei à Marcel
Duchamp » tente enfin de répondre à la question de savoir pourquoi le
célèbre artiste et dissident chinois cite dans presque toutes ses œuvres
importantes le grand artiste de l'avant-garde. Par ailleurs, un quatrième
texte, « Le Rayon vert », étudie pour la première fois l'influence du roman
éponyme de Jules Verne sur ce qui constitue l'idée centrale de Duchamp
pour la mariée et les célibataires du
Grand Verre. Un cinquième texte,
« Fischli | Weiss : Soudain cette vue d'ensemble », analyse la pertinence
de certains éléments intrinsèques à deux sculptures d'argile faisant
partie de l'œuvre du même nom, œuvre majeure des débuts des deux
fameux artistes suisses, tandis que le sixième texte, « Toujours double
et
inframince », aborde avec concision autant que pertinence le sujet du
dédoublement et de l'
inframince dans le grand œuvre que nous a légué
Duchamp, le diorama
Étant donnés (ill. 19a et 19b), qui joue régulièrement,
depuis des années, un rôle important dans les travaux théoriques et artistiques de Stefan Banz.