Edito
Il était une fois... un monstre
(p. 5)
« Il y a des lignes qui sont des monstres
(1) », affirme Delacroix, qualifiant ainsi
les lignes droites et les serpentines régulières. Il met en valeur que de telles
lignes n'existent ou ne résistent pas – quand elles sont créées par l'homme – à
la nature. Ce point de vue est non seulement en opposition avec les théories
artistiques de son temps et en particulier avec la doctrine du linéaire que
défend Ingres, mais le terme même de monstre est à lire avec attention, car il
personnifie la ligne, il en fait une créature.
Plus ou moins cachés, le mot, le concept, l'image du monstre courent tout
au long de ce nouveau numéro de
Roven : la ville monstrueuse, tentaculaire,
dépourvue de centre, désertée et programmatique de
Paul Noble ; le ou
la monstre de
Heidegger vu par
Derrida dans le texte introductif de J. Emil
Sennewald au dossier thématique consacré au dessin et à l'écriture ; les
personnages de Sophie Lamm, les formes de François Bouillon, ou encore les
objets tant dessinés que mis en volume d'Emmanuelle Lainé... cela ne s'arrête
pas là, nous vous laissons les débusquer ou même les imaginer !
Nous souhaitons terminer en vous remerciant :
Roven fête ses trois ans
d'existence avec cette livraison. L'aventure qui a vu le jour avec autant
d'enthousiasme que d'incertitude quant à sa pérennité se poursuit et se
renforce, grâce à vous, à votre intérêt et à votre soutien, merci !
Johana Carrier et Marine Pagès
1. E. Delacroix,
Journal, 1822-1863, Paris, Plon, 1996, p. 867.