Je collectionne les débris de la civilisation américaine depuis l'adolescence. À l'époque,
c'est-à-dire les années 1960, la culture chrétienne intégriste qui domine notre paysage
politique actuel restait pratiquement invisible. Si j'ai surtout appris à la connaître en
piratant des chaînes cryptées dans les années 1970, j'avais déjà commencé auparavant
à découvrir quelques brochures ou 33-tours en fouillant les piles de vieilleries dans
les brocantes, marchés aux puces, friperies, librairies d'occasion et vide-greniers.
À l'approche de l'exposition, j'ai cherché des publications et autres souvenirs sur eBay.
C'est la seule catégorie où je ne me suis jamais trouvé en concurrence avec d'autres
enchérisseurs. Les objets en question ne représentent à coup sûr qu'une infime partie
de tout le bric-à-brac produit par les évangélistes dans leurs efforts pour convertir les
pécheurs et proposer une voie de salut, à l'écart des tentations de ce bas monde. Ce
qui en est résulté, avec le triomphe de la pensée conservatrice aujourd'hui, c'est une
industrie évaluée en milliards de dollars, qui coexiste avec le culte de l'argent-roi et
s'engage sur le même terrain matérialiste.
(...)
Pour finir, il y a quelques documents
de propagande non chrétienne, auxquels s'ajoute un lot disparate : clichés de travail,
images puisées sur l'internet et utilisées pour des éléments bien précis dans mes peintures,
croquis de détails et photos des vitrines de l'exposition. J'espère que l'ensemble
sera aussi instructif pour vous, lecteurs, qu'il a pu l'être pour moi. Et qu'il vous fournira
peut-être des modèles aussi stimulants que l'auraient souhaité leurs créateurs.