Max Wiederkehr (1935-2008) a reçu une formation de décorateur et a étudié l'architecture d'intérieur avec Willy Guhl à la Kunstgewerbeschule (qui fait aujourd'hui partie de l'université des arts de Zurich). À partir de 1963, il travaille comme artiste indépendant, collaborant notamment avec
Robert Haussmann.
Le langage visuel de Max Wiederkehr a toujours été influencé par l'
art concret zurichois, même si des éléments du
pop art et de l'
op art s'y sont mêlés. Rapidement après avoir percé sur la scène artistique, il a tourné le dos aux institutions pour s'intéresser à la sous-culture naissante. Il réalise alors des bandes dessinées, peint, expose occasionnellement et réalise des œuvres qui sont encore influencées par la géométrie, mais qui vont au-delà pour développer un jeu fascinant de calcul et d'intuition et un mélange surprenant de
highbrow et de
lowbrow. A rebours de l'époque, il travaille à l'interface entre deux écoles zurichoises, le fantastique (avec ses soi-disant
Wahnwelten ou « mondes hallucinatoires ») et le concret, opérant une fusion singulière des deux. Souvent comparé à
Max Bill,
Verena Loewensberg et
Gottfried Honegger, qui ne peuvent être qualifiés d'« outsiders », Wiederkehr est lui resté proche des marges artistiques et des
Stadtindianer (l'équivalent allemand des Indiani Metropolitani italiens) de gauche radicale. L'accès récent à la succession de Wiederkehr a permis de mettre en lumière l'ensemble de l'œuvre d'un artiste qui se situait en dehors de l'establishment culturel, mais dont la position d'outsider n'était en aucun cas de l'art d'outsider : Wiederkehr était parfaitement au fait de la modernité, qu'il retournait de l'intérieur vers l'extérieur.