Red est « né » en 1996 dans les bistrots de Rennes où il
se produit en solo avec une guitare et une voix d'écorché vif. À
l'époque il enregistre des cassettes comme s'il en pleuvait sur un
magnéto 4 pistes. Une de ces cassettes tombe entre les mains de
Noël Akchoté, guitariste à l'avant-garde du jazz et des musiques improvisées.
Un an plus tard, il monte sur scène avec lui pour un concert au Jardin
moderne de Rennes qui donne leur premier enregistrement en duo, un
disque autoproduit, « Noël Akchoté VS Red ».
Avant Red, Olivier Lambin (de son vrai nom), né en 1968 à Lille,
enchaîne les petits boulots, vend des radiateurs par téléphone, enfile
des manches dans des poêles Tefal et même un costume de croque-mort. Il
apprend à jouer de la guitare en écoutant Dylan et les Stones.
Autodidacte jusqu'au bout des ongles, c'est aussi comme ça qu'il apprend
l'anglais. En 1992, il écume les scènes dans la région d'Annecy avec
son premier groupe sérieux, La Cuve, qui sort deux albums autoproduits.
En 1998, Red, installé à Villeurbanne, enregistre « Felk » sur
un PC avec un micro bas de gamme dans sa cuisine. Une guitare sèche,
des bidouillages à l'ordinateur, une voix caverneuse… Disque fiévreux et
cathartique, dédié au chanteur de La Cuve disparu prématurément, entre
blues bruitiste et folk électro.
Noël Akchoté et
Quentin Rollet sortent l'album sur leur label
Rectangle
en 2000. Un an plus tard, Red signe un cover complet de l'album de
Leonard Cohen « Songs from a Room », hommage obsessionnel,
allant jusqu'à remplacer le visage de Cohen par le sien sur la pochette.
Après ces deux opus enregistrés quasiment seul, le label Rectangle lui
donne carte blanche pour son prochain disque. Il se plonge dans la Bible
(en anglais) et se sert du Verbe comme d'une matière sonore pour un cut
up symboliste et profane.
Akosh S., Herman Düne,
Christian Rollet, ZZeb
(du groupe Condense), Thomas Belhom,
Jean-François Pauvros, Noël
Akchoté, Anthony Mowat, Philippe Tessier, et Jérôme Excoffier (ex-la
Cuve) jouent sur « 33 », enregistré cette fois-ci en studio.
« 33 », comme l'âge du Christ, que Red ne pensait jamais
pouvoir atteindre, paraît finalement chez Universal en 2002. Les
critiques sortent Red de la clandestinité et ne lésinent pas sur les
comparaisons : Tom Waits, Johnny Cash, Nick Cave…
En 2004, Red participe à l'album « Race Track Blues » sur le
label Volcanic avec Tchangodéï (pianiste au côté d'Archie Shepp, de
Steve Lacy et de Mal Waldron). Le titre « Rouge et Noir
Blues » est retenu sur la compilation « Jazz » du journal
Libération.
La même année, il joue en trio avec
Jean-François Pauvros et Noël
Akchoté sur l'album expérimental « Ecume et bave » pour le
label Signature de Radio France : trois guitares, six mains, deux
voix et une seule chambre (douze vies). Il apparaît sur le label Winter
et Winter avec
Jean-Louis Costes, Noël Akchoté et John Greaves pour un projet du nom de
« Cabaret Moderne ».
En 2005, il figure sur la B-O du film de Thierry Jousse, « Les
invisibles » avec une reprise de Monsieur William (paroles de
Caussimon). Red se rassemble sur « Nothin' to celebrate », une
« superproduction » par rapport aux deux précédents albums. Enregistré en
2003 entre Lille et Rennes (le duo avec Laetitia Sheriff) et les
Etats-Unis (les duos avec Bonnie « Prince » Billy), le songwriting est
acéré, la voix apaisée et les mélodies soignées pour cet hommage
décomplexé à Dylan et aux Stones. Les sessions, filmées par Christian
Laville, donnent lieu à un documentaire de 52 minutes, « Rien à
célébrer ».
2006 marque la réalisation d'un nouvel opus, « Social Hide and
Seek », avec son groupe au complet, plus deux invités de marque,
Noël Akchoté et Neman (Herman Düne, Zombie Zombie). Douze chansons
coécrites avec ses collègues de scène, enregistrées au Vauban à Brest et
à la Malterie de Lille dans des conditions quasi live. L'album sortira
en 2007 suivie d'une tournée d'une d'année.
Entre deux tournées, Red apparaît sur « toi même », un album
de Noël Akchoté pour le Label Winter and Winter en compagnie du poète
John Giorno, du bassiste Brad Jones, du batteur
Han Bennink, Jean-Louis
Costes et Fritz Ostermayer.
2008 et 2009 seront consacrées à l'élaboration d'un album solo
« The Nightcrawler aka Red » enregistré dans une cuisine sur
un recueil de textes écrit à Nashville en 2005 alors qu'il enregistrait
avec Bonnie « Prince » Billy pour un album jeune public « Songs for
the Young at Heart » produit par Suart Staples (Tindersticks).
L'idée de départ étant de faire une série de 200 albums dont toutes les
pochettes sont originales et peintes une à une. Il en fera en fait plus
de 900 en cd plus une série de 500 vinyles distribués par le label
Clapping Music en 2010.
2011 sera une année sans sortie d'album, mais une création avec Philippe
Tessier et Tonio Marinescu autour d'un ciné-concert sur le match
mythique de l'équipe de France de football à Séville contre la RFA de
1982. Projet élaboré lors de 3 semaines de résidence (le Casino sur
l'île d'Yeu, la Carène à Brest, l'Antipode a Rennes), suivie d'une
centaine de représentations.
En 2012, alors de retour à Lille il fonde Bodybeat, un groupe de dance
funk futuriste essentiellement composé de rouquins avec qui sort dès
2014 un premier EP éponyme et fin 2015 un LP « 8 » sur le
label Alpage Records.
Après le départ du bassiste de Body Beat, le groupe change son nom en
Volcan La Pété, en accueillant un nouveau bassiste et un second
chanteur. Un premier EP paraît en 2019 sur un label mexicain.