Masayuki « Jojo » Takayanagi (1932-1991) était un guitariste japonais non-conformiste, un esprit révolutionnaire dont l'œuvre incarnait les mouvements politiques radicaux du
Japon de la fin des années 1960. Après s'être fait les dents en tant que disciple accompli de Lennie Tristano en jouant du cool
jazz à la fin des années 1950, Takayanagi a été sidéré par la « Free Form Guitar » de la Chicago Transit Authority en 1969 et a rapidement tourné le dos à la scène jazz, allant jusqu'à traiter ses anciens pairs et admirateurs de « bande de perdants » dans la presse. Takayanagi avait trouvé une nouvelle direction, un anéantissement du jazz et de l'idolâtrie de la culture américaine hégémonique qui lui était associée. Elevant ses élans virtuoses vers la stratosphère, Takayanagi s'est consacré à l'art du
freakout, s'attaquant frontalement à la tradition notamment par le biais de sa bien nommée New Direction for the Arts (plus tard New Direction Unit) et des collaborations avec le saxophoniste Kaoru Abe, un
outsider aux vues similaires. Ses innovations sur l'instrument sont équivalentes à celles de Sonny Sharrock et de
Derek Bailey et ont ouvert la voie à la nécromancie japonaise de
Keiji Haino et
Otomo Yoshihide. À l'automne de sa vie, les performances en solo de Takayanagi ont fait de lui l'un des premiers guitaristes, aux côtés mais indépendamment de Keith Rowe, à utiliser une guitare sur table pour une
improvisation purement sonore.