Les
sculptures de Gary Webb (né en 1973 à Hampshire, vit et travaille à Londres) explorent le potentiel visuel, tactile et chromatique des matériaux. L'artiste procède à des configurations surprenantes, conjuguant une variété d'éléments organiques et industriels : plexiglas, néons, métal découpé, tissu, ou encore caoutchouc. Lorsqu'il emploie des matériaux premiers comme le bois, le sable, le marbre ou le cristal, l'artiste leur donne alors une touche synthétique. Le matériel employé renvoie le plus souvent à ce que l'on pourrait décrire comme la « culture d'intérieur » contemporaine ; une esthétique de centres commerciaux et de stations de lavage de voitures, qui se caractérise par ses couleurs éclatantes et une affection particulière pour les matières plastiques brillantes. L'artiste commande certains éléments spécialement en usine, tandis que d'autres sont achetés à des revendeurs ou dans des magasins de jouets.
Gary Webb allie des constructions spatiales audacieuses avec des couleurs vives. Pourtant, malgré cette forte présence de l'œuvre, subsiste une composante immatérielle. L'artiste emploie ainsi couleur et transparence afin de priver les formes massives de leur solidité ; plans droits, lignes sinueuses et éléments mobiles ne sont souvent réunis que dans un équilibre fragile. On rencontre également cet aspect immatériel dans les nombreux jeux formels avec la transparence et la réflexion, ou dans les sons que l'artiste introduit, comme une manière de prolonger l'expérience d'un espace occupé à la fois par la sculpture et le spectateur.
Les œuvres de Gary Webb naviguent entre l'abstraction et la figuration. Elles parlent de la relation entre la peinture, le dessin et la sculpture. L'artiste emprunte aux ruines de l'art du passé pour expérimenter les développements potentiels de la pratique sculpturale. Nous pouvons trouver dans ses travaux des échos des nouvelles sculptures développées par Anthony Caro (Caro et la Nouvelle Génération des sculpteurs britanniques, dans les années soixante, ont appliqué la couleur à la tri-dimension dans un esprit très pictural), ainsi que de l'usage pur de la couleur comme médium sculptural exploré par des artistes comme Donald Judd. En dépit de la richesse de la mémoire historique que l'on retrouve dans les œuvres de Gary Webb, ses sculptures maintiennent un degré élevé de légèreté poétique et de simplicité. Cet aspect est encore accentué par des titres qui évoquent la culture populaire, une imagerie de l'absurde et des ambiances spécifiques, comme « Mumdadland » (1997), « Paranoidmountain » (2000) ou « Sound of the blue light » (2002).
Gary Webb a participé à diverses expositions collectives comme « Die Young, Stay Pretty », ICA, Londres, 1998 ; « Casino 2001 », SMAK, Ghent, 2001 ; « Early one morning », Whitechapel Gallery, Londres, 2002. Ses expositions individuelles comprennent notamment « Deep Heat. T Reg Laguna », Chisenhale Gallery, Londres, 2004.