Us et coutumes : l'originalité du travail
photographique d'Estelle
Hanania (née en 1980, vit et travaille à Paris) réside dans le fait qu'elle s'intéresse aux rites vernaculaires
en Europe comme au Japon, sans chercher, à l'inverse de
l'anthropologue ou du documentariste pur et dur, à en déceler le
mystère.
Une procession de géants dans un champs, un magicien sur un
parking, une grotte organique... Les ombres d'une identité singulière
se détachent d'un cadre pourtant non exotique, se révélant comme
une hallucination.
Diplomée des Beaux-Arts de Paris puis photographe primée au
Festival de photographie de Hyères, Estelle Hanania n'a pas peur de
la beauté, de l'esthétique pure, de l'étoffe ni du masque.
Pour autant elle n'est nullement dupée par les artifices du
déguisement, se tenant à une distance humaine, dans la lumière
naturelle, en silence.
Ses photographies représentent des portraits et des paysages
d'hommes devenus bêtes ou végétaux, d'un maître de marionnettes
englouti par ses poupées ; autant de figures chimériques incarnées
dans un absurde contemporain. Au second plan apparait ainsi une
voiture, une route, un parking ; des infrastructures banales qui
signifient qu'il ne s'agit pas vraiment de lieux spectaculaires, mais de
rituels extraordinaires nécessaires dans une communauté ordinaire,
d'un présent en syncope, imbriqué dans le réel comme un lychen
étrange sur un mur de béton.