Une anthropologie politique de la musique résolument critique, réflexive et accessible, à partir d'une étude du monde du rap burkinabè.
Comment une étude anthropologique auprès de ceux qui travaillent dans la musique peut-elle être une porte d'entrée à la compréhension des sociétés contemporaines ? Anna Cuomo a choisi de dédier sa thèse de doctorat au monde du rap burkinabè, qui donne lieu à cet ouvrage. Basé sur un travail d'enquêtes ethnographiques menées entre 2010 et 2014 principalement à Ouagadougou puis en France jusqu'en 2017, le livre retrace l'arrivée du genre musical jusqu'à la création d'un rap local appelé « tradi-moderne », en marge des industries musicales africaines en plein essor (Nigéria, Ghana, Côte d'Ivoire). L'anthropologue décrypte ce monde du rap à travers les conditions (politiques, sociales, culturelles, économiques) de son émergence et de son fonctionnement. En suivant des carrières de rappeurs burkinabè, elle analyse l'enchevêtrement de différents rapports de pouvoir, et retrace l'histoire de la définition de l'art engagé au Burkina Faso. Les choix esthétiques et les positionnements des artistes sont replacés dans un contexte postcolonial plus large, où l'héritage de Thomas Sankara et les relations à la France sont centrales. À travers eux, la société burkinabè contemporaine est questionnée au sein d'enjeux locaux comme globaux. Anna Cuomo propose une anthropologie politique de la musique résolument critique, réflexive et accessible. Elle nous invite à la suivre dans un cheminement où la recherche anthropologique est donnée à voir par des descriptions de situations vécues, où l'auteure est elle-même plongée au cœur d'interactions et de relations sociales.
Ce livre a reçu le prix d'aide à la publication 2020 du Musée du Quai Branly – Jacques Chirac.
Après avoir suivi des études en carrières sociales puis en anthropologie, Anna Cuomo est
anthropologue rattachée au laboratoire Passages (UMR 5319) au sein de l'équipe de l'Institut ARI (Anthropological Research Institute on Music) de Bayonne. Elle a créé la plateforme Anthropozik (
anthropozik) dans un objectif de construire des ponts entre anthropologie et industrie
musicale. Elle initie des projets de série documentaire à partir de ses recherches élargies à d'autres contextes, notamment au sein des musiques urbaines en France.