ORLAN intervient ici en tant que locutrice avec sa voix grave reconnaissable entre toutes (le texte est une liste cosmologique d'événements censés se produire dans le futur, lue dans un ordre chronologique comme un compte à rebours inexorable, jusqu'à la disparition totale de tout). La voix d'ORLAN sera audible (de 10.000 à 20 milliards d'années) ou submergée par l'orchestre dans la seconde partie (de 50 milliards d'années à la destruction totale).
Le PolyTransMetaOrchestra (P.T.M.O) est un orchestre virtuel, composé de quatre chanteurs (Loré Lixenberg, Joan La Barbara, Wills Morgan et l'artiste Jacques Lizène décédé le 30 septembre 2021) et de 124 instruments différents issus de la civilisation occidentale autant que de tous les autres endroits de la terre.
Frédéric Acquaviva a demandé à chaque chanteur ou instrumentiste (certains parmi les meilleurs), poète ou compositeur choisi, âgé de 1 à 94 ans, d'enregistrer une seule note, à partir de laquelle il a composé la première partie micropolyphonique de [səminal]. Dans la seconde partie, progressivement, tous les instrumentistes jouent ensemble, des multiplications électroniques se développant ensuite à partir de ce même matériau minuscule mais séminal.
Alors que la voix raconte la disparition de toute forme de vie, petit à petit, une harmonie microtonale plus dense et plus évoluée se fait entendre, prenant naissance à partir de l'ADN de chaque instrument (violon, accordéon, voix féminine, voix masculine, piano, saxophone, viole de gambe, synthétiseur, cors, batterie, etc.), exactement comme dans une période de décadence culturelle, lorsque certaines voix créatives continuent à se battre pour exister et proliférer.
Composé (concept et musique, édition de texte de données et
dead electronics) par Frédéric Acquaviva, Londres, 2020-2021.
Interprété par
Loré Lixenberg (soprano), Joan La Barbara (alto), Wills Morgan (ténor), Jacques Lizène (basse) et le Poly.Trans.Meta.Orchestra (P.T.M.O) : Bartosz Glowacki (accordéon), Esther Ferrer (txistu), Tom Johnson (woodblock), Anne Franchini (cloche), Pierre Mariétan (cor des Alpes), Mathius Shadow-Sky (guitare électrique), Zeynel Polat (saz), Denis Dufour (orgue à bouche thaï), Hamish Hossain (cor tibétain), Lefteris Tsonis (charango), Matina Papagianopoulou (ukelele), Thierry Ollivier (didgeridoo), Bruno Moraes (repinique), Laura Stefanini (caixa), Joséfine Ajdelbaum (bol tibétain), Barbara Wolman (tbila), Evi Papagianopoulou
(kora), Laurent Cauwet (guitare jouet), Kirsten Jaenich (orgue électrique),
Yoann Sarrat (platine), Olivier Sarrat (basse électrique), Ophélia Candille (mélodica alto), Erdmute W. White (cloche tibétaine), Chihiro Ono (violon), Gael Fuenmayor-Cabañas (maracas),
Jean-François Bory (cloche japonaise), Jean-Paul Sanson (basse de viole),
Paul-Armand Gette (flûte), Yoko Yamada (piano jouet),
Virgile Novarina (darbouka), Marie-Sol Parant (orgue d'église), Titi Parant (harmonium),
Jean-Luc Parant (guitare folk), Maggy Mauritz (kalimba), Maîtresse Cindy (carillon), Didier Lecointre (verre musical), Lieutenant Caramel (djembé), Bibbe Hansen (clairon),
Phill Niblock harmonica), Andy Ingamells (cor en mi bémol), Thierry Weyd (scie musicale), Katherine Liberovskaya (mini zyther), Sophie Sanson (flûte de berger), Ana Casillas (tabla), Jean-Baptiste Favory (arc à bouche), Eugénie Kuffler (piccolo),
Trevor Wishart (avertisseur de vélo), Gregory Rose (tuyau d'orgue miniature),
Eduardo Kac (piano numérique), Jonas (J) Magnusson (mungiga), Cecilia Grönberg (lergök),
Quentin Rollet (saxophone sopranino), Tony Van Dorst (mélodica soprano), Alexandre Yterce (tambour en peau humaine), Annette Malochet Malec (clarinette en si bémol), Thierry Villeneuve (tambour électronique), Abbas Bakhtiari (daf), Patrick P. Porro (ektara), IONE (mbira), Marc-André Hamelin (piano), Eve Libertine (happeau),
Nicole Brenez (tambour), Elif Karlıdağ (okarina), Utkucan Eken (zurna), Arthur Soyer (theremin), Léna Franchini (cornetto), Jacob Heringman (lute),
Werner Durand (ney en pvc avec résonateur en bambou), Marie Kawazu (hontsubo-suzu), Jack Adler-McKean (tuba), Sarah Sarhandi (alto), Neil Luck (synthétiseur Roland Juno 60), Gaëlle Coulon (organetto), Sylvia Hinz (flûte),
Alvin Curran (shofar), Carmen Troncoso Cáceres (flûte d'argile précolombienne),
Charles Dreyfus Pechkoff (percussions japonaises), Carina Stark (cornet à bouquin), Al Margoris (alto préparé), Jeremiah Runnels (đàn nguyệt), Yan Jun (guqin), Simon Limbrick (steel pan), Habib Shehadeh Hanna (oud), Frances-Marie Uitti (violoncelle), Jane Ilmola (kantele), Jean-Paul Curtay (bâton de pluie), Jean Daufresne (saxhorn), Ole Martin Huser-Olsen (guitare classique), Zisis Tzimoziogas (boutzouki),
Broutin (métronome), Pascal Gallois (basson), Callum Armstrong (aulos), Poulomi Desai (sitar), Federico Reuben (supercollisionneur), Patrick Muller (épinette), George Barton (marimba), Melissa Holding (koto), Heather Roche (clarinette basse), Chris Brannick (mâchoire d'âne), Jacques de Guerny (tambour de bronze), Serge Vuille (triangle), Jamie Telford (cornemuse), Maryam Rezaei (santoor), Adaya Goldlevsky (harpe), Julia Mihály (synthétiseur Doepfer Dark Energy), Aude Jessemin (boîte à musique), Nissim Schaul (vielle à roue), Rodrigo Sigal (synthétiseur Arturia Pigments), Zehui Zhao (guzheng), Jace Chak Hin Zhao (zhongruan), Taisheng Zhao (sanxian), Béatrice Martin (clavecin), Adam Slimani (muselaar), Christopher Redgate (hautbois), Alberte Acquaviva (diapason), Jason Yarde (saxophone alto), Caroline Delume (théorbe), Myriam Mézières (sagates), François Poyet (sifflet), Bernadette Février (flûte à coulisse),
Joël Hubaut (pipeau), Clément Lebrun (trompette à coulisse), Christoph Ogiermann (synlab), Vinko Globokar (trombone).
Frédéric Acquaviva, né en 1967, est depuis 1990
artiste sonore et compositeur de
musique expérimentale, d'installations chronopolyphoniques, diffusées sur CD, en galeries, dans des musées et lieux institutionels ou lieux alternatifs, dans le monde entier.
Hors des circuits traditionnels des musiciens et compositeurs, il rencontre puis travaille de manière continue avec quelques figures historiques de l'art, de la poésie ou de la vidéo bien avant leur reconnaissance médiatique (
Isidore Isou, Maurice Lemaître, Marcel Hanoun,
Pierre Guyotat,
Jean-Luc Parant...), ainsi qu'avec la chorégraphe Maria Faustino, le cinéaste
FJ Ossang ou la mezzo-soprano
Loré Lixenberg.
Sa musique, dé-concertante et dont il aime choisir le dispositif d'écoute, explore de manière toujours nouvelle les rapports de la voix, du langage, du son et du sens, ainsi que l'idée d'un corps intégré à la composition musicale quoique totalement absent lors des auditions de ses œuvres (par diffusion acousmatique ou installation sonore). Mais, comme le remarque
Eric Vautrin dans
Mouvement, son travail n'est pas « un travail sonore mais un travail sur le sonore ».
Acquaviva devient en même temps l'un des protagonistes essentiels de la redécouverte des avant-gardes historiques et notamment du
Lettrisme (
Isidore Isou, dont il dirige l'édition de la
première monographie ; Gabriel Pomerand, Maurice Lemaître, Gil J Wolman, Jean-Louis Brau, Jacques Spacagna,
François Dufrêne, Roland Sabatier, Alain Satié,
Broutin...), de la
poésie sonore (
Henri Chopin,
Bernard Heidsieck) et de quelques figures isolées (Pïerre Albert-Birot,
Otto Muehl...), à travers des actions fort diversifiées : orchestrations ou réalisations sonores des symphonies de
Isou, Lemaître et Pomerand, livres, conférences, constitution de bases de données et d'archives, commissariat d'expositions (notamment, depuis 2014, dans le cadre de l'
artist's space « La Plaque Tournante » qu'il a fondé à Berlin avec Loré Lixenberg), projets radiophoniques, réalisations de vidéos, et édition, comme
directeur de collection aux Editions Derrière la Salle de Bains, ou avec ses propres éditions :
AcquAvivA, et la revue
CRU.
En 2020, Frédéric Acquaviva devient le troisième compositeur français (après
Pierre Henry et
Luc Ferrari) à obtenir le prestigieux Karl Sczuka Prize (Donaueschingen / SWR) avec son opéra
ANTIPODES (texte
Joël Hubaut), prix également obtenu par
John Cage ou Mauricio Kagel.
Voir aussi
Yoann Sarrat : Phonosophie et corporalité compositionnelle – L'art sonore de Frédéric Acquaviva