Les processus de production industrielle appliqués à la traduction littéraire et à la création culturelle.
Le processus de production de tout artefact industriel est généralement imaginé comme aseptique, linéaire et précis. La notion même de traitement industriel implique des choix rationnels, des procédures logiques, des résultats mesurables. Mais que se passe-t-il lorsque les lois de la production mécanique sont appliquées au langage, à l'art et à d'autres formes d'expression humaine ? La conscience peut-elle être véritablement et totalement contrôlée ?
Dans cet ouvrage, le processus industriel est symboliquement illustré par la traduction automatique d'un artefact littéraire. En permettant la transmission en temps réel du sens entre différentes langues, la traduction automatique est un outil qui sert autant le migrant que le touriste, le commerçant ou la compagnie maritime. Elle est à la fois un produit et un atout logistique essentiel à notre époque de mondialisation des échanges d'informations. Mais que se passerait-il si la traduction, et donc la communication, cessait d'être la finalité première de la transformation linguistique ? Et si la production en série d'un texte devenait plutôt une stratégie visant à assurer sa préservation ? Comment le concept d'auteur change-t-il à la lumière d'un texte qui n'existe que comme la traduction automatique de lui-même ? Industrial ne cherche pas à répondre à ces questions, mais à tisser des fils spéculatifs de doute et de possibilité. Au cours de cette investigation formelle et conceptuelle, les processus rationnels ont été soumis à des stratégies d'auto-sabotage qui ont interféré avec leur progression linéaire, déformant ainsi l'expérience elle-même, échappant à l'ordre auto-imposé de la conscience, et ouvrant les portes de l'inattendu.
