Cette nouvelle monographie est basée sur le projet
Endnote, tooth initié par Ian Kiaer depuis plusieurs années, qui prend des formes diverses selon les occurrences et qui s'appuie sur les concepts utopistes de l'architecte
Frederick Kiesler (1890-1965).
Frederick Kiesler avait imaginé à la fin des années 1940 un ensemble architectural non réalisé (rassemblant des espaces domestique, professionnel et de loisirs) en forme de dent humaine Tooth House. Poursuivant ici ses recherches autour des architectures modernistes, Ian Kiaer prend comme point d'ancrage le restaurant panoramique Monsanto construit sur les hauteurs de Lisbonne en 1968 par l'architecte Chaves da Costa. Cette construction se voulait l'emblème de la modernité vue par la dictature d'Estao Novo (Etat Nouveau portugais 1933-1974). Conçu comme un édifice de luxe et de domination, le bâtiment aujourd'hui abandonné est devenu un lieu à usage alternatif.
Le travail de Kiaer trouve son origine dans une forme de nomadisme culturel, à partir de ses lectures de l'histoire de l'art et de l'architecture mais aussi de ses obsessions structurelles autour desquelles il tisse une réflexion. Il développe dans son œuvre une approche de la peinture comme « forme mineure ». Ses installations et ses objets sont réalisés à partir d'éléments de la vie quotidienne ou de matériaux trouvés. Utilisant le sol et les murs comme surfaces de présentation il confronte ainsi le visiteur à des dimensions et échelles différentes et positionne les peintures et les maquettes sans donner de préférence à l'un des medium. Ces prototypes sont pour lui une structure expérimentale qui permet à la pensée d'être matérialisée comme un fragment.
Ian Kiaer déploie ici un ensemble de pièces récentes conçues pour l'occasion : des peintures sur papier recouvertes par des panneaux publicitaires, une maquette sommaire du restaurant, une œuvre gonflable, des éléments au sol.
Publié suite à l'exposition éponyme au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris en 2017.
Ian Kiaer (né en 1971 à Londres, vit et travaille à Londres et Oxford) réalise des installations fragiles impliquant différentes maquettes d'
architecture, des objets trouvés intacts ou légèrement modifiés et des œuvres en deux dimensions pour créer des récits fragmentés. Ses installations fonctionnent souvent comme des projets ou des propositions, autant de moyens de remettre en question les notions de totalité et de permanence.
Il a notamment bénéficié d'expositions personnelles au Neubaeur Collegium, Chicago, à Lulu, Mexico, au Henry Moore Institue, Leeds, au Aspen Art Museum, au
Kunstverein Munich ainsi qu'à la Galleria d'Arte Moderna e Contemporanea de Turin. Son travail a également été montré dans des expositions collectives à la Kunstshalle Berlin, au MUDAM, à la Biennale de Rennes, à la Tate Britain, au British Art Show, au Hammer Museum, Los Angeles ainsi qu'à la
10e Biennale de Lyon.