L'expression intelligence accidentelle est une proposition synthétique d'élucidation de la notion de sérendipité, laquelle n'est pas sans susciter perplexité.
Olivier Lamoureux-Lafleur amorce ce dossier en développant une réflexion sur la relation essentielle qu'entretiennent temps et sérendipité, comme ouverture ou brèche pratiquée dans l'enceinte de la normativité temporelle. De son côté, l'analyse offerte par Patrice Loubier d'une trame urbaine tissée par les œuvres du street art et de l'art furtif met en relief la relation entre espace et sérendipité, tant sous l'angle des locuteurs ou instigateurs de ces énoncés performatifs ou interventions visuelles que celui des observateurs, qu'ils soient ou non flâneurs et dériveurs. L'intelligence accidentelle se veut aussi un détournement de l'expression intelligence artificielle (IA) avec laquelle les médias actuels, relayant les apôtres de la nébuleuse cybernétique, lessivent rigoureusement le cerveau en termes d'omnipotente prédictibilité numérique.
Les démarches non seulement de la création, mais aussi de la réception des œuvres sont littéralement célestes avec
La marche sur les nuages (2019) d'
Abraham Poincheval, dont les récentes interventions et performances expérimentales, quoique longuement préparées, cherchent à « s'ouvrir à tous les possibles, à l'inexploré », selon les mots que ce « flâneur de l'air » partage avec Paul Ardenne dans un entretien. Hélène Matte et
Michel Giroud témoignent également du rôle du hasard dans leurs démarches expérimentales respectives, tandis que Nathalie Côté interroge le hasard objectif du surréaliste Joan Miró.
Afin de clore ce dossier, Martin Nadeau propose un article rétrospectif sur la « beauté de la fortuité » dans le mouvement
Dada à Berlin, en particulier dans les photomontages de Hannah Höch et plus généralement sur le rôle joué par la sérendipité au sein des avant-gardes. Aussi, dans cet
Inter, plusieurs topos sur diverses propositions en manifestation.
Publié par les
Éditions Intervention (confondées par
Richard Martel à
Québec) trois fois par an depuis 1978,
Inter, art actuel (anciennement
Intervention) est un périodique culturel disséminant les diverses formes,
praxis et stratégies de l'art actuel –
performance, installation,
poésie, multimédia –, tout en interrogeant les rapports de l'art au social et au culturel, au politique et à l'éthique.
Couvrant différentes manifestations artistiques et mouvances politico-culturelles internationales, directement engagé dans le renouvellement du discours sur les pratiques éphémères et émergentes,
Inter, art actuel est une tribune qui invite artistes, critiques et penseurs de la culture à prendre position (sous la forme d'essais courts, de critiques documentées et approfondies, de dossiers et de reportages, de chroniques et de comptes rendus) sur les enjeux qui touchent les pratiques de l'art actuel ou de tout domaine connexe, ainsi que sur les transformations de nos sociétés, du rituel au virtuel.