Le dessin de lignes noires sur une surface blanche a constitué pendant de nombreuses années une des pratiques de Michael Scott. Différents protocoles ont été élaborés pour la réalisation des peintures : épaississement des lignes de 1% pour une série de 39 tableaux, par exemple. La confusion optique, l'obsession manuelle d'une perfection impossible bornent un des aspects de l'art de l'artiste.
Le dessin sur feuille libre à l'encre a pris de l'importance depuis 2007, à tel point qu'il a semblé impératif d'en rassembler une bonne centaine dans un livre qui inaugure la collection « The Drawing Centre », édité selon des intuitions visuelles et de motifs qui, soit se confortent l'un l'autre, soit divergent ostensiblement. Le corpus, proposé ci-après, livre une bonne impression – la maîtrise d'une technique, la justesse et l'équilibre de la facture au service de contenus mêlent la réinterprétation d'œuvres d'artistes proches de Scott ou de chefs-d'œuvre de l'art contemporain à des improvisations thématiques où la plomberie, l'architecture et quelques personnages mal identifiés se disputent les pages de l'ouvrage.
Peintre manifeste de la scène contemporaine new-yorkaise, Michael Scott (né en 1958 à Paoli, Pennsylvanie) réalise, depuis 1989, des peintures comme autant d'expériences visuelles poussées à l'extrême. Il juxtapose lignes verticales de couleurs différentes et étroites sur des plaques d'aluminium, habituellement de format carré et de dimensions variables. Ces œuvres poussent l'effet optique jusqu'au point où les peintures deviennent presque impossible à regarder. Une expérience déstabilisante qui souligne chez l'artiste un point de vue sur l'art tout aussi extrême. Il met à distance la subjectivité par le systématisme et la recherche d'un aspect mécanique de ses œuvres. Ses nouvelles peintures laissent cependant la place à l'aléatoire. Autant ses tableaux des années 1990 étaient programmatiques (les différences entre chacun d'entre eux étaient calculées au pourcent près), autant ses nouvelles peintures sont l'enregistrement d'un événement ; celui d'une pratique intuitive dont le résultat intègre les hésitations, les changements et les accidents inhérents à ce processus.