Le mystérieux personnage de L'Après-midi des après-midi, le premier roman de Stéphane Marte, est fortement inspiré par le faune de Mallarmé, Debussy et Nijinsky. Il
explore la notion de « plein air », remet souvent en question les rapports établis entre l'intérieur et l'extérieur. Comme ce faune, insaisissable, le texte lui-même est totalement exposé, ouvert ; ce roman, qui ne se raconte pas, étant avant toute autre chose un acte créateur, un ensemble d'éclats sensoriels pris dans une tension érotique.
« Il est 17h30, l'après-midi vit sa dernière partie. C'est elle qui agit, l'après-midi. C'est lui, l'après-midi. Les deux se disent. L'Après-midi des après-midi n'a pas d'équivalent dans l'après-midi du lendemain. Il plonge sous les portiques, l'Après-midi reste ainsi dans l'après-midi. Il fait son ballet dans toutes les langues, devient hyper-compréhensible, depuis qu'il est dans le processus il est dans un processus hyper-compréhensible. »
L'après-midi bat son plein. L'extérieur est comme un grand jardin du dedans mis dehors, tout autour. Le gant retourné est un jardin immense sans enclôt. Les heures qui passent l'après-midi se passent dans cet extérieur. Le jardin est légèrement en pente, on ne sait vers quoi il mène, mais on sent la pente. L'après-midi bat son plein dehors. Etre à moitié animal revient ou pas à être demi-dieu ? S'enfoncer dans le jardin du dehors, quand l'heure bat son plein, revient ou pas à chercher en soi ? Il y a un moment où l'on se demande s'il y a un lien entre la déroute et la perdition. Ça peut arriver au faune.
« La réalité se fait sensorielle ou idéelle à proximité de la créature au cœur de ce premier livre d'une respiration et d'une liberté absolues. »
Eric Loret, Le Monde