Un récit
poétique en prose à la croisée des genres, difficile à situer tant il se borne à décrire le non lieu dans lequel il se construit.
Qu'est-ce que ce Mirador ? Conçu, et construit, dans un très lointain passé, on ne sait quand ni par qui, sur une terre et dans un paysage dévastés. Telle est bien la question, car s'il s'agit d'un monument d'architecture en perpétuelle expansion, il s'agit également d'un espace, avec lequel il tend à se confondre. Un espace paradoxal, sans dehors, où les dehors sont dedans. Sans doute comme celui du texte que le lecteur s'apprête à parcourir, sans y être jamais entré parce qu'il s'aperçoit peu à peu, comme les visiteurs du Mirador, ou ses multiples agents, qu'il l'a toujours habité. Le lecteur est alors pris au piège d'un labyrinthe, d'un « système », agencé de telle manière qu'il ne sait plus bientôt s'il s'agit de la description d'un « mirage », du récit d'une « chimère », ou d'une fiction très minutieusement réaliste qui ne fait que restituer les traits les plus cruels du temps qu'il est en train de vivre ou d'une société qui « ne cesse de s'enlever sur fond de nuit, et de s'y abîmer ». Le Mirador nous conduit « vers ce point zéro que nous savons être à la fois notre vérité et l'instant t de notre pulvérisation ».
Après avoir été libraire à Paris pendant dix ans, et lecteur dans plusieurs universités d'Ankara et d'Istanbul de 1993 à 2004, François Bizet est maintenant maître de conférences à l'université de Tokyo. Il a publié :
Une communication sans échange. Georges Bataille critique de Jean Genet (Droz, 2007),
Tôzai !... Corps et cris des marionnettes d'Ôsaka (Belles Lettres, 2013), ainsi que des articles sur Pétrarque,
Francis Ponge, Georges Bataille,
Jean Genet, Georges Perec,
Pierre Guyotat, Antoine Volodine, et dans le cadre d'un collectif sur la catastrophe de Fukushima, un texte intitulé « L'inhabitat » (Cécile Defaut, 2016). Il est également l'auteur de
Tombeau (Yapi Kredi, 2013), de
La Construction d'Ugarit et d'un
Traité du corail, dont des extraits ont été accueillis dans diverses revues (
Le Nouveau Commerce,
La Revue littéraire,
Fusées,
Nioques).