Milos Forman

Le cinéma de Milos Forman réserve bien des jubilations.
S'il plonge ses racines au cœur de la vieille Europe, il est marqué aussi par des années de vie en Amérique. Son charme émane d'un point de vue pluriel – qui vise le secret des êtres et des images v et préserve un étonnement d'adolescent. Une sorte de sagesse insolente, volontiers rebelle.
Exigeant, il a mis en œuvre la même causticité envers les Hippies d'un jour qu'envers les Américains moyens (Taking Off) ou les Tchèques moyens (L'As de Pique, Les amours d'une blonde). La même tendresse aussi. Car son comique est d'autant plus incisif qu'il laisse la part de l'équivoque. Il y donne aussi une portée morale, à la manière d'un dessin animé tchèque : Au feu les pompiers.
De plus en plus l'Histoire inspire son œuvre pourvu que la fiction y reste maitresse. L'aventure de l'Amérique moderne qui, dans Ragtime, cherche à naître. Hair, qui exerce sur une époque récente un regard distancié. Amadeus, qui présente un moment où l'Histoire bascule dans l'euphorie créatrice. Fêtes initiatiques, masquées.
L'art avec lequel il place la musique comme un support essentiel de l'architecture de ses films, la sûreté du choix et de la direction des acteurs, le soin du portrait jusqu'aux petits rôles, la souveraineté de son montage, ont permis à Milos Forman d'atteindre, par le succès mondial d'Amadeus, le point de maîtrise de sa carrière en volant au-dessus de nos merveilles.et de nos drames.