Réédition augmentée d'un texte polémique de l'architecte contre la charte HQE, un certificat attestant de la haute qualité environnementale des projets de construction. Rudy Ricciotti développe un argumentaire vindicatif visant à démontrer que ce sigle est une arme servant les intérêts de l'économie libérale.
S'il faut être vulgaire pour refuser l'escroquerie à la morale environnementale, alors soyons tous vulgaires. S'il faut être asocial pour refuser l'infantilisation d'un débat de société aussi impérieux, alors soyons asociaux. S'il faut être violent pour refuser le tribunal d'exception qui conduira au racisme culturel, alors je serai violent. Le sigle HQE(r) est frappé d'un « registered mark ». Que chacun médite sur l'autoévaluation de cette doctrine dans notre économie libérale. Le sigle le plus démagogue jamais inventé protège ses initiales, confirmant là ce désir de pouvoir sur un territoire d'intérêt public, et réfutant aux trois lettres la propriété de n'être pas appropriable.
Architecte et ingénieur français d'origine italienne, Rudy Ricciotti (né en 1952 à Kouba en Algérie, vit et travaille à Bandol dans le Var), lauréat du grand prix national de l'architecture en 2006, est notamment l'architecte du Mucem à Marseille. Il passe son enfance en Camargue après le départ de sa famille d'Algérie en 1955. Il s'initie au monde de la construction en accompagnant son père, maçon, sur les chantiers, mais découvre aussi très vite la puissance affective et formatrice des œuvres de grands artistes, écrivains et cinéastes qui nourriront son travail d'architecte en sous-main. Auteur de nombreux livres sur l'architecture, il est aujourd'hui aussi un penseur reconnu des enjeux éthiques et esthétiques qui devraient motiver l'architecture contemporaine.
