Recueil de quatre traités : le premier introduit de façon singulière la notion même de traité ; le second s'interroge sur la vie et la mort ; le troisième consacré au pin parasol est un complément au traité n° 02, et le texte conclusif offre une réflexion loufoque sur l'acte de penser, d'après l'œuvre de Wittgenstein.
Cet ouvrage regroupe 4 traités – c'est en tout cas ainsi que ce livre se présente. Mais comme toujours chez Jean-Michel Espitallier, ce qui semble simple se complique très vite jusqu'à l'étourdissement, la logique s'embrouille jusqu'au délire, le sérieux s'ouvre souvent au burlesque.
Le premier traité traite… du traité, d'une définition même du mot traité. Comment traiter le mot traité autrement qu'en le définissant ? N'est-ce pas là le principe même du traité ?
Le second traité traite… de la vie et de la mort.
Le troisième traité traite du pin parasol. Il est précisé qu'il est là en complément du traité n°2 sur la vie et la mort. Bien entendu : le lien entre les deux sujets est évident. Comment ? Mais dans le traitement même des sujets, bien sûr !
Pour clore cet ouvrage, un dernier traité intitulé Tractatus logo mecanicus, où l'auteur utilise avec une certaine dextérité la logique de pensée de Wittgenstein pour creuser jusqu'à l'absurde la notion même… de pensée.
Outre cette propension à retourner la mécanique de la logique pour en révéler la face absurde, Jean-Michel Espitallier utilise le théâtre de l'écriture pour, en filigrane, dénoncer l'insupportable, mais jamais frontalement, comme incidemment, sans avoir l'air d'y toucher. Ce qui met le lecteur dans une situation étrange : se retrouver à rire de ce qui fait mal, des maux de notre époque. Par exemple, dans le premier traité, où sont illustrées les définitions : traite des blanches, traitement des toxiques, mauvais traitement, traitement au bombardier, au napalm, etc…
Jean-Michel Espitallier (né en 1957, vit et travaille à Paris) est un des
poètes contemporains qui a le plus modifié l'image attendue de la poésie. Il est représentatif d'une génération qui, proche en cela de l'art contemporain, opte pour des pratiques poétiques variées, construites, accumulatives et, souvent, drôles. Poète inclassable, il joue sur plusieurs claviers et selon des modes opératoires constamment renouvelés. Listes, détournements, boucles rythmiques, proses désaxées, faux théorèmes, propositions logico-absurdes, sophismes tordent le cou à la notion si galvaudée de poésie, en inventant des formes neuves pour continuer de faire jouer tout le bizarre de la langue et d'en éprouver les limites. Il a été cofondateur et codirecteur de la revue
Java, de 1989 Ã 2006.