Still Nox

Sylvain Courtoux arrive à un tour de force : créer un style d'écriture schizoïde, d'une confusion subtilement contrôlée qui nous permet, à nous lecteur, de mieux « appréhender » l'effet produit par cette drogue. Car pour Sylvain Courtoux, cela ne fait pas l'ombre d'un doute : le Stilnox© est bien une drogue dure.
Récit sombre, dur, torturé, mais parfois drôle et provocateur où l'auteur raconte son enfance perturbée, sa mère suicidée, son adolescence en crise perpétuelle, teintée de rock, de poésie, d'errances, d'amours déçus, de drogues, de menus larcins et petits braquages minables – et sa tentative désespérée de continuer, tant bien que mal, des études de philosophie. C'est dans ce contexte trouble qu'il découvre, dans le milieu du rock post-punk alternatif de Limoges, le Stilnox©, qui se révèle être la seule drogue lui permettant d'assumer une certaine forme de sociabilité – du moins dans un premier temps
Puis sont racontés la dépendance de plus en plus forte, un comportement de plus en plus détraqué, un quotidien uniquement réglé par ce médicament, la marginalité forcée, la schizophrénie déclarée, le statut Cotorep signant brutalement la mise en marge de la cité… Ce livre, qui se clôt sur une réflexion socio-politique sur la mise sous tutelle chimique d'une partie de plus en plus importante de la population, est à la fois : un excellent roman/témoignage sur une jeunesse déréglée, reflet d'une civilisation malade ; un témoignage rare sur l'accoutumance aux médicaments ; et une réflexion fort pertinente sur les enjeux des addictions aux médicaments.