L'avènement des très grandes entreprises a révélé l'obsolescence du débat économique entre keynésiens et des « néolibéraux ». Ce nouveau pouvoir des conglomérats fait désormais pièce à l'État comme aux marchés, et seule la société civile présente les gages d'une opposition crédible, selon le politologue Colin Crouch. Un essai qui éclaire les enjeux contemporains du système néolibéral.
Lorsqu'en 2008, la banque d'investissement Lehman Brothers fait faillite, on aurait pu s'attendre à ce que l'ère néolibérale touche à sa fin. Mais c'eût été méconnaître la véritable nature du néolibéralisme, qui ne se résume pas à la suprématie du marché sur l'État. Retraçant les batailles idéologiques et politiques qui opposèrent keynésiens – partisans du levier étatique – et « néolibéraux » – thuriféraires du marché –, Colin Crouch démontre que cette bipolarisation du débat ne permet plus de comprendre les enjeux contemporains du système néolibéral. L'Étrange Survie du néolibéralisme s'efforce en effet de révéler comment ce combat s'est soldé par l'avènement de très grandes entreprises, un nouveau pouvoir qui fait désormais pièce à l'État comme aux marchés. Loin de s'apparenter à un aride examen des théories néolibérales, ce texte très accessible cherche à penser le rôle de la « société civile », la seule force, selon l'auteur, en mesure de faire face à la triade formée par le marché, l'État et les conglomérats.
« Voici l'ouvrage le plus important qui ait été écrit sur l'économie politique du capitalisme moderne depuis Keynes, Kalecki et Schonfield. »
Philippe C. Schmitter, European University Institute
Colin Crouch est un politologue et sociologue anglais. Il a longtemps enseigné la sociologie et la politologie, puis la gouvernance et la gestion publique à la Warwick Business School (Grande-Bretagne). Son concept de « postdémocratie » représente une contribution majeure aux débats actuels portant sur le devenir de ce système politique.