Depuis 2004 et son installation au centre-ville de Tours, Le Monstre de Xavier Veilhan a été l'objet de réappropriations variées de la part des habitants. L'objectif de ce livre est de revenir à la fois sur le développement du projet dans le cadre de l'action « Nouveaux commanditaires » et sur la vie de la statue au sein de la cité.
Le Monstre est une œuvre d'art de Xavier Veilhan, de près de 4 mètres de haut, produite dans et pour l'espace public, sur la place du Grand-Marché de Tours. Située au cœur du « vieux Tours », cet espace de forme oblongue se trouve enserré entre deux pôles d'activité importants : la place des Halles et la place Plumereau. À l'origine de cette commande artistique se trouve un groupe de commerçants et riverains qui ont souhaité que l'intervention d'un artiste puisse accompagner le réaménagement de cette place. Dans le désir de souligner, voire de réinventer l'identité de cet espace, où résidence et activités commerciales cohabitent harmonieusement, ils ont fait appel à Anastassia Makridou-Bretonneau, directrice d'Eternal Network et médiatrice agréée de la Fondation de France pour l'action Nouveaux commanditaires. C'est sur sa proposition que cette commande artistique a été confiée à Xavier Veilhan. Grâce à l'action d'Eternal Network, à la ténacité du groupe de commanditaires et à la participation de la ville de Tours, la sculpture est inaugurée en novembre 2004, dans une belle tempête médiatique. Dix ans plus tard, elle demeure un sujet de conversation. On l'aime ou on la fustige, mais elle n'est jamais tombée dans l'indifférence. Affiches, prospectus, enseignes, produits dérivés en tous genres…, Le Monstre est approprié par tous, municipalité, commerçants, habitants, festivals, journalistes… Tout ce corpus de documents représente la plus-value de l'œuvre, qui n'est pas la plus-value commerciale à proprement parler d'une œuvre d'art, mais qui vient des usages que les gens ont inventés autour d'elle.
Figure majeure de la scène artistique française, Xavier Veilhan (né en 1963, vit et travaille à Paris) se définit comme un artiste
visuel. Son travail, déclinant sculpture, peinture, vidéo, photographie et installation, consiste à ressaisir le réel, notamment dans ses aspects biologiques et techniques, sous des formes archétypales, génériques ou prototypiques qui interrogent les modes de représentation historiques et contemporains.
L'universalisme formel, qui semble renvoyer à l'idéal de l'art classique, se trouve contrebalancé par la singularité des dispositifs de mise en scène des œuvres, des situations et des environnements construits, par la modernité des sujets et par les procédés high-tech utilisés (sculptures d'animaux ou de personnages modélisés avec la technique de captation 3D, dispositifs lumineux des Light Machines...), qui convoquent des images de la société de production industrielle et de consommation dans des univers étranges et équivoques.
Xavier Veilhan a réalisé de nombreuses expositions personnelles, au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris (1993), au CCC de Tours (1995), au Consortium de Dijon (1999), au Mamco de Genève (1999-2000), au Magasin de Grenoble (2000), au CCA Kitakyushu (2002), au Centre Pompidou de Paris (2004), au Musée d'Art Moderne et Contemporain de Strasbourg (2005), au Château de Versailles (2009)...
Edité par Éric Foucault, Anastassia Makridou-Bretonneau, Valérie Pihet.
Texte de Bénédicte Ramade.
Entretien avec Xavier Veilhan par Anastassia Makridou-Bretonneau et Valérie Pillet.