Une typologie de l'effacement comme geste artistique au cours du XXe siècle.
Effacer, dans le domaine artistique, est synonyme de correction ou de modification. Appelée communément « repentir », cette intervention exprime la maladresse voire la faute et qualifie l'œuvre dans ce qu'elle a de faible et d'inadéquate. Dans le domaine de la politique ou de la publicité marchande, la pratique de l'effacement est indéniablement liée au mensonge et à la dissimulation. L'histoire, depuis des décennies, a présenté maints exemples de ces frauduleuses interventions qui ont pour but de corriger son cours. Transformer cette action, si fondamentalement négative, en une pratique susceptible de déboucher sur des ouvertures nouvelles, voilà ce à quoi, au cours du XXe siècle et aujourd'hui encore, les artistes ont abouti. En pratiquant l'effacement, c'est-à-dire en travaillant à rebours, ils ont su enrichir exemplairement la création artistique. Le geste historique de
Robert Rauschenberg effaçant, en 1953, un dessin de Willem De Kooning, les propositions exemplaires de
Marcel Broodthaers,
Claudio Parmiggiani,
Roman Opalka,
Gerhard Richter croisent, celles plus récentes d'
Hiroshi Sugimoto, d'Ann Hamilton, de
Jochen Gerz, de Felix Gonzalez-Torres mais aussi celles des artistes de la génération actuelle comme Zhang Huan ou
Estefanía Peñafiel Loaiza... Autant d'exemples qui invitent à reconsidérer ce geste paradoxal et à l'appréhender dorénavant comme une pratique véritablement artistique.
« Dans un livre entraînant où il est question de mémoire, de disparition, de souvenir, de politique et de poésie, l'auteur, à l'écriture limpide, construit des ponts entre des œuvres qui a priori n'avaient rien à voir pour mieux nous en révéler la force et la beauté. »
Daphné Bétard,
Beaux Arts magazine
« [Un livre qui] comporte fort peu d'images, mais beaucoup de réflexion, et, allons-y, offre des mondes à penser. »
Harry Bellet,
Le Monde
« L'écriture emmène sans effort
dans un parcours convaincant et sensible. »
Christophe Domino,
Le Journal des Arts
Ouvrage lauréat du Prix Pierre Daix 2016.
Maurice Fréchuret est historien de l'art et conservateur en chef du patrimoine, détenteur d'un doctorat de Sociologie et d'un doctorat d'Histoire de l'Art, conservateur au musée d'Art moderne de Saint-Étienne de 1986 à 1993, puis du musée
Picasso à Antibes de 1993 à 2001. Directeur du
capcMusée d'Art contemporain de Bordeaux de 2001 à 2006, il est nommé conservateur des musées nationaux du XXe siècle des Alpes-Maritimes (2006-2014). Parallèlement à son travail de conservateur, de commissaire d'expositions et d'enseignant, Maurice Fréchuret a publié de nombreux ouvrages dont :
Le Mou et ses formes (éditions ENSBA, 1993, Jacqueline Chambon, 2004) ;
La Machine à peindre (Jacqueline Chambon, 1994) ;
L'Envolée, L'enfouissement (Skira, RMN, 1995) ;
L'art médecine (en collaboration avec
Thierry Davila, RMN, 2000) ;
Les Années 70, l'art en cause (RMN, 2002) ;
Exils (en collaboration avec Laurence Bertrand-Dorléac, RMN, 2012).