En avançant pendant trente ans au bord du gouffre, Kim Ki-duk a exploré physiquement les thèmes futurs de son travail de cinéaste : l'errance, la fuite et surtout la survie. Une première monographie complète consacrée à l'œuvre du sud-coréen.
On ne se parle pas dans les films de Kim Ki-duk, on se frappe. Les rapports y sont toujours frontaux, directs, décodés, jamais médiés par le langage qui en neutraliserait la violence. Écorchés, traumatisés et rougeoyants, les héros de Kim Ki-duk sont présentés dans des paysages idylliques et luxuriants, dignes des romantiques cartes postales qui nous viennent de Corée. Mais, entre les crêtes florissantes des montagnes et le surfaces bleutées des lacs océans, se jouent en fait les meilleurs drames. À travers une filmographie autant injectée de sang qu'à fleur de peau, Kim Ki-duk révèle aussi les plaies encore suintantes d'une société coréenne malmenée par son histoire avec un art de la précision et une mise en place de la souffrance qui est toute en raffinement extrême-oriental.
Le cinéaste sud-coréen Kim Ki-duk (1960-2020) compte parmi les réalisateurs les plus marquants de la nouvelle mouvance du cinéma contemporain tout en étant en marge de l'industrie du 7ème art. Dès ses premiers films, il a été reconnu à travers les festivals internationaux comme Berlin (Ours d'argent du meilleur réalisateur pour Samaria), Locarno (The Coast Guard) ou Venise (Lion d'argent pour Locataires). Malgré le succès grandissant (Prix Un certain regard à Cannes pour Arirang en 2011, Lion d'or pour Pietà en 2012), Kim Ki-Duk a privilégié son indépendance dans sa manière de travailler : petit budget, tournage concentré et forte implication personnelle qui le mène à fabriquer lui-même décors ou accessoires.