Hommage appuyé au pionnier de la musique concrète Pierre Schaeffer et à son Solfège de l'objet sonore, le projet musical Dataphonics se fonde sur les relations entre le son des données numériques primaires et les composants élémentaires du son. Ce travail se concentre sur le système des fréquences sonores situées à la limite de l'audible, phénomène dont « l'auditeur, explique Ikeda, ne devient conscient qu'au moment de leur disparition ».
La diffusion de Dataphonics a été programmée mensuellement durant toute une saison dans le cadre de l'Atelier de Création Radiophonique de France Culture, avant d'être remixée et présentée en une seule et même pièce tel un geste ultime et combinatoire au cœur du digital sonore. Incluant à cette recherche un examen mathématique et graphique des sons les plus fondamentaux, Ikeda a prolongé son geste d'artiste en matérialisant par l'image ces « données digitales pures » dans le cadre de ce livre / CD qui décline, explore et questionne dix paramètres sonores fondamentaux qui constituent la matière son / musique.
Figure clé de la musique et de l'art électroniques, le compositeur et artiste japonais Ryoji Ikeda (né en 1966 à Gifu, Japon, vit et travaille à Paris) se consacre aux propriétés physiques du son, particulièrement à l'ultrasonique et aux fréquences en ayant recourt à des technologies avancées qui lui permettent d'intervenir sur les éléments les plus infimes. Son travail exploite les propriétés du son, leur influence sur la perception humaine et leur relation avec les mathématiques. Depuis 1995, il occupe le devant de la scène de l'art sonore avec des concerts, des installations et des enregistrements : les albums +/- (1996), 0 degrees (1998) et Matrix (2001) ont été salués par la critique pour leur caractère novateur et radical. Ryoji Ikeda a notamment collaboré avec le chorégraphe William Forsythe et le Ballet de Francfort ainsi que l'artiste et musicien Carsten Nicolai. Il a reçu le prix Golden Nica au festival Ars Electronica en 2001, dans la catégorie musique numérique.