Les illustrations acidulées et bigarrées de Camille Lavaud, un monde pop et géométrique peuplé de canailles et de femmes bleues (première publication).
Publié suite à l'exposition de Camille Lavaud « Looking for Benar Shah » à La Mauvaise réputation, Bordeaux, en 2013.
Camille Lavaud Benito est née en 1981 à Bergerac. Elle vit et travaille tantôt dans un atelier de couture situé dans un village médiéval de sa terre natale, la Dordogne, tantôt à Bordeaux ou à Bruxelle. Titulaire d'un DNSEP, elle suit sa formation à l'École des Beaux-Arts de Bordeaux. À la croisée des chemins, sa pratique s'étend du dessin d'affiches de concerts, de l'illustration à l'installation, du design d'objets atypiques à la scénographie. Depuis sa sortie de l'école des Beaux-arts elle a fait une entrée remarquable et remarquée dans l'univers de l'illustration et de l'édition.
Utilisant autant les mots, que les images ou les sons, Camille Lavaud puise son inspiration au cœur de la vie, par exemple, dans la gouaille et l'irrévérence détachée d'un badaud à la gueule burinée rencontré au hasard dans un troquet improbable. Mais aussi, dans les répliques acérées des véhéments personnages au sang chaud du dialoguiste Michel Audiard. Ou encore, son inspiration peut trouver sa source dans le verbe en vers octosyllabiques des chevaliers de Chrétien de Troyes. Bref, vous l'avez compris, tous les registres de langages sont exploités et les références sont variées et multiples.
Le son et la musique sont également omniprésents dans les dessins de Camille Lavaud, ils sont même vitaux pour s'immerger dans son univers créatif. En effet, on y entend : les claps frénétiques des claviers italo disco, la punch line du rap français, l'impétuosité de Minor Threat ou les textes sirupeux d'Elli et Jacno...
Ses médiums de prédilection ? De la très haute technologie : la main, du papier et un stylo parce « tout le monde peut le faire ». Le noir et blanc d'origine ont fait place à la couleur, qu'elle travaille à l'encre, et qui prend désormais dans ses dessins une place prédominante.
Des assemblages, du collage ou de la couture. Sa pratique graphique fait volontairement et de façon engagée l'objet d'une déclinaison artisanale. Son idée : celle que l'accessibilité de la pratique permet aussi celle du discours... Camille Lavaud invente un espace bien à elle, qui révèle un monde souvent menaçant et bien dérisoire habité par des personnages ou des messages le plus souvent désabusés.
Camille Lavaud a reçu le Fauve révélation 2022 du festival d'Angoulême pour La Vie souterraine (Les requins marteaux).